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Georges Floyd, Adama Traoré : un traitement médiatique différencié
Article mis en ligne le 2 juin 2020

La France refuse-t-elle de réfléchir à ses propres violences policières ? Malgré la proximité entre les cas de Georges Floyd et d’Adama Traoré (tous deux morts entre les mains de la police et tous deux d’asphyxie), on refuse sciemment de comparer les deux cas.

Illustration ici chez France Inter qui, n’osant tellement pas le rapprochement, sépare les deux informations de presque dix minutes. On parle de Georges Floyd en ouverture et d’Adama Traoré bien plus tard, après un long reportage sur l’ouverture des jardins, musées et piscines. Comme si les deux affaires n’avaient aucun point commun.

La manière de traiter (ou pas) la question du racisme est également éclairante : alors qu’on précise que Georges Floyd est un homme noir plaqué au sol par un policier blanc, on ne parle ni de la couleur d’Adama Traoré, ni de celle des policiers qui l’ont arrêté. Alors que le reportage sur Georges Floyd cite d’autres victimes noires afin de mettre en valeur les tendances racistes du système policier américain, celui sur Adama Traoré se désintéresse de la question raciale et de la récurrence des violences policières à l’égard des populations racisées. (...)

En ce qui concerne le jeune homme mort en région parisienne, on pourrait répondre que le sujet est ailleurs puisque la violence physique est ancienne (elle a eu lieu en 2016) et qu’il s’agit aujourd’hui de traiter de l’enquête conditionnant le procès. (...)

Pas d’excuse pour autant.

lorsqu’il s’agit de violences policières, les victimes ou familles de victimes ont les plus grandes difficultés à obtenir justice. Or ces victimes et familles de victimes sont souvent racisées. Comme pour Georges Floyd, il aurait été possible de citer des exemples destinés à mettre en valeur un système policier et judiciaire raciste. (...)

(à Villeneuve-la-Garenne récemment, la police a ouvert sa portière pour stopper la moto du jeune homme dans sa course ; l’enquête tend à disculper les policiers malgré d’autres éléments et témoignages engageant leur responsabilité) ou même sur Gabriel Djordjevic qui, à 14 ans, est ressorti de garde à vue ce lundi avec traumatisme facial, crânien et plusieurs dents cassées (l’IGPN a été saisie). 

Cette manière de traiter l’information (s’indigner sur l’ailleurs en conservant les oeillères sur l’ici) a de quoi surprendre et de quoi révolter. La France doit apprendre à nommer chez elle ce qu’elle perçoit facilement ailleurs. Même ça veut dire accepter la honte.