
Pour payer leurs frais de santé, consécutifs aux blessures qu’ils ont subies lors des manifestations, des Gilets jaunes mettent en ligne des cagnottes. Car leurs assurances et leurs complémentaires santé refusent de les indemniser. Voici pourquoi.
Mâchoire fracturée, oeil perdu, traumatisme crânien... A Toulouse, plusieurs dizaines de Gilets jaunes ont été blessés depuis le début des manifestations et certains ont d’ailleurs porté plainte ce lundi. Pour beaucoup d’entre eux, c’est la double peine quand vient l’heure de se faire rembourser les soins. Souvent, les assurances et les complémentaires santé refusent de couvrir les frais de santé au prétexte que " les sinistres résultent de mouvements populaires et d’émeutes".
Lorsque Yann a demandé la prise en charge de ses frais chez le dentiste, sa mutuelle a été catégorique : " On m’a expliqué que je n’y aurais pas droit car je participais à une manifestation non déclarée", s’étonne encore ce Gilet jaune blessé le 19 janvier. Ce jour-là, alors que ce serveur de 39 ans rentre du travail et rejoint la manifestation nocturne, il explique " avoir été matraqué, tabassé au sol puis gazé par les forces de l’ordre’", place de l’Occitane. Yann a la mâchoire fracturée, onze dents cassées et plusieurs contusions. Un médecin légiste lui prescrit 15 jours d’ITT.
Quand le dentiste lui a fait un devis pour remplacer ses dents, c’est la douche froide : 13 000 euros. " Je n’ai pas les moyens, j’ai avancé 900 euros et pour le reste j’ai lancé une cagnotte grâce à laquelle j’ai récolté 1 500 euros". Le reste de la somme, Yann ne sait pas encore très bien comment il va pouvoir le financer. Surtout qu’il a " deux enfants à nourrir" et que son salaire a été amputé de moitié, vu qu’il est toujours en arrêt maladie.
700 euros de frais médicaux (...)
les assurances et les complémentaires santé font valoir la notion d’illégalité. Dans les clauses des contrats, qui dit manifestation populaire, dit mouvement non-déclaré donc interdit. Quelques assureurs disposent néanmoins de fonds de garantie interne pour indemniser des cas particuliers.