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Grand Paris : Veolia et le Sedif rêvent de reconstruire leur empire de l’eau en Île-de-France
Article mis en ligne le 28 octobre 2015
dernière modification le 23 octobre 2015

Alors que les élections régionales et la création du Grand Paris approchent, un sujet s’est imposé ces derniers mois en Île-de-France : l’eau. André Santini, patron du tout puissant syndicat francilien de l’eau (Sedif) et principal allié de Veolia et de Suez, ne cache pas sa volonté d’étendre son petit empire et d’y rattacher Paris, qui s’était pourtant libérée du joug de la privatisation en 2010. En face, de plus en plus de communes font un choix inverse : celui du service public et de la remunicipalisation. Enquête.

(...) L’enjeu se chiffre en centaines de millions d’euros et concerne aussi bien la démocratie locale que la protection de l’environnement. Il oppose les communes qui, considérant l’eau comme un service public, la confient à une régie municipale, à celles qui choisissent de confier cette mission à une entreprise privée à travers une délégation de service public.

Actuellement, la deuxième option est clairement majoritaire en Île-de-France, comme dans tout le pays. Mais la tendance commence à s’inverser : à la suite de Grenoble en 2001 puis de Paris en 2010, des dizaines de villes françaises, petites et grandes, y compris Rennes, Nice et Montpellier, ont décidé, depuis quinze ans, de tourner la page de la privatisation et de « remunicipaliser » leur service de l’eau (lire à ce propos notre ouvrage Eau publique, eau d’avenir. L’expérience mondiale de la remunicipalisation).

La perspective de la création du Grand Paris, en 2016 ou 2017, remet ce sujet au premier plan. Depuis les élections municipales de 2014, la droite est globalement majoritaire dans les communes de la future métropole. Les élections régionales de décembre 2015 seront une nouvelle occasion, pour chaque camp, de se compter. Grosso modo, on peut considérer que la droite est plutôt tentée par le privé, et la gauche, par le public, mais rien n’est jamais simple dans le domaine de l’eau. (...)

Le Sedif est le principal allié – certains diraient le bras armé politique – des grandes entreprises privées de l’eau que sont Veolia (ex-Compagnie générale des eaux) et de Suez (ex-Lyonnaise des Eaux) en Île-de-France, où elles monopolisent les contrats pour des centaines de millions d’euros. André Santini voudrait en faire les opérateurs en eau potable du futur Grand Paris, qui regroupera la capitale et les trois départements de la petite couronne (Seine-Saint-Denis, Hauts-de-Seine, Val-de-Marne) [1]. Mais les statuts du Grand Paris ne prévoient pas de récupérer cette compétence. Ce que sait parfaitement le président du Sedif, puisqu’il est aussi... président du conseil de surveillance de la Société du Grand Paris.

Officiellement, Eau de Paris n’a pas de position sur la question de la gestion de l’eau dans la future métropole. Mais beaucoup verraient bien la régie parisienne se positionner en fer de lance d’un retour total de la gestion de l’eau en Île-de-France dans le giron public. (...)

Les éléments qui peuvent inciter à municipaliser l’eau concernent, bien sûr, les questions de démocratie locale, mais aussi le prix de l’eau. Avec des chiffres sans équivoque (...)

le résultat des prochaines élections régionales en Île-de-France, même s’il est défavorable à la gauche – et même si l’eau ne relève pas directement de la compétence de la région – pourrait ne pas forcément inverser la tendance à la remunicipalisation. (...)