
Dans un rapport publié lundi, Oxfam pointe du doigt la sous-représentation des femmes à la tête des grandes entreprises. L’association révèle aussi qu’entre 2009 et 2018, les dividendes versées aux actionnaires ont augmenté trois fois plus vite que les salaires.
C’est loin d’être une surprise, mais l’écart reste édifiant. D’après un rapport, publié lundi par l’association Oxfam sur la façon dont les entreprises du CAC40 ont investit leurs profits entre 2009 et aujourd’hui, les dividendes versés aux actionnaires ont augmenté trois fois plus vite que les salaires et cinq fois plus vite que le Smic. Ainsi, l’association pointe du doigt l’injustice dans la répartition des richesses des grandes entreprises françaises et notamment un fossé qui, s’il se réduit avec le temps, reste important : le retard sur la parité femmes-hommes dans le monde du travail, notamment au sein de ces grandes sociétés. (...)
Actuellement, une seule femme est à la tête d’une entreprise d’une entreprise du CAC 40, relève Oxfam. Il s’agit d’Ilham Kadri, PDG de l’entreprise belge Solvay. Jusqu’à récemment, une autre femme – évincée depuis – occupait un poste de directrice générale : Isabelle Kocher, à la tête du géant de l’énergie Engie.
Au-delà du CAC 40, cette tendance se reflète dans les grandes entreprises. La proportion de femmes dirigeant une entreprise du SBF120 (Société des bourses françaises) est en France de 2 %, alors qu’elle est 6 % au Royaume-Uni et de 8 % aux États-Unis. "C’est la traduction d’un véritable plafond de verre pour les femmes, victimes de discriminations tout au long de leur carrière et de préjugés sur leur soi-disant manque de leadership : elles sont perçues comme moins compétentes et aptes à diriger. Leur faible présence à la tête des entreprises ne fait qu’alimenter ce stéréotype", souligne Oxfam. Bref : un cercle vicieux.
Un point positif tout de même : la France est le premier pays au monde en termes de nombre de femmes dans les conseils d’administration, rapporte Oxfam. Et cela grâce à la loi Copé-Zimmerman, votée en 2011, relative à la représentation équilibrée des femmes et des hommes au sein des conseils d’administration. (...)
Des femmes plus précaires et moins bien payées (...)
Pour pallier les inégalités entre les femmes et les hommes, Oxfam préconise principalement deux mesures :
- Renforcer les sanctions sur les entreprises ne respectant pas le principe d’égalité professionnelle,
- Étendre le congé paternité à un minimum de 6 semaines obligatoires, pour réduire les discriminations que subissent les femmes tout au long de leur carrière.
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Championne de la distribution des dividendes : Engie, devant Total et Arcelor. Depuis dix ans, l’ex "Gaz de France" a distribué six fois plus de dividendes qu’elle n’a fait de bénéfices. Un choix au détriment de la transition écologique, estime le porte-parole d’Oxfam. (...)
Plafonner à 80% la part des profits versés en dividendes permettrait en outre, selon le cabinet Proxinvest, non seulement de réduire les écarts de salaire mais aussi de financer un tiers des investissements verts des entreprises.
Oxfam constate les effets négatifs de cette mainmise des actionnaires sur les entreprises, notamment sur l’environnement (...)