L’Union européenne, la BCE et le FMI mettent la pression sur le gouvernement grec, en utilisant le problème du besoin urgent de « liquidité » qu’ils ont eux-mêmes créé, pour imposer des contre-réformes du « mémorandum » qu’ils avaient précédemment négocié avec le gouvernement de Samaras-Venizelos. Les raisons de cette attitude rigide sont financières : une politique anti-austérité est incompatible avec les choix prépondérants dans l’Union européenne pendant la crise. Mais ce sont aussi des raisons politiques : les dirigeants européens veulent isoler le « virus » Syriza-Podemos avant qu’il ne se propage en Europe.
Face à cela, le gouvernement Tsipras se défend par des demi-mesures. Il se contente de définir des « lignes rouges » pour les négociations : sur les privatisations, les lois sur les relations de travail, les hausses de taxes payées par les classes populaires, les nouvelles réductions des pensions...
(...) u cours des 100 premiers jours, le gouvernement a pris des mesures contre la pauvreté extrême, ainsi que certaines mesures de démocratisation, mais il a aussi suspendu l’application du programme minimum (le programme dit de Thessalonique) pour chercher une solution par la négociation avec l’Union européenne. Tout cela a rafraîchi les relations du peuple avec Syriza. Ce problème, ainsi que la réduction extrême des réserves financières du gouvernement grec (suite au paiement régulier des tranches de la dette) sont les conséquences les plus négatives de l’accord du 20 février, un piège dangereux pour Syriza.
Quels sont les rapports entre Syriza et le gouvernement ?
On peut dire que la conscience moyenne de Syriza se situe nettement sur la gauche de ce gouvernement. Ainsi l’exigence d’un changement de politique à l’égard des prêteurs et de la classe dirigeante grecque bénéficie d’un large soutien. De plus au sein de Syriza s’est développé un fonctionnement démocratique qui permet un large débat politique.
Qu’en est-il des conflits sociaux et de la mobilisation populaire depuis l’arrivée au pouvoir de Syriza ? Que penser du 1er mai dans ce contexte ?
Nous espérions que la victoire politique de Syriza conduirait à une explosion des luttes, des exigences et des revendications. Cela n’a pas été le cas. Un état de passivité s’est installé en Grèce, aujourd’hui dans l’attente de l’issue des négociations. Tout le monde discute de politique, mais rares sont celles et ceux qui sont mobilisés.
Pour relancer cette mobilisation populaire, il y a bien entendu la responsabilité de Syriza, des dirigeants syndicaux, des dirigeants et organisations de « l’autre gauche »... Mais il y a aussi un facteur général, plus « objectif » : le monde est confronté à des problèmes stratégiques et tactiques sans précédent, et on n’a pas encore trouvé les moyens d’y remédier. C’est aussi dans ce cadre que la mobilisation du 1er mai a été un échec.
Néanmoins, nous devons continuer à nous battre, même dans des conditions qui ne nous sont pas favorables et que bien entendu nous aurions aimé différentes. (...)