La Grèce n’a pas changé sa politique. Pire, elle continue de nier que migrants et réfugiés sont renvoyés de force vers la Turquie au mépris de leurs droits et parfois de leur vie.
Ce sont sept mois de recherches conduites par nos équipes qui nous permettent aujourd’hui de dénoncer, de nouveau, ce qu’un premier rapport publié en juillet 2013 avait mis en évidence : à large échelle, la police et les gardes-côtes grecs procèdent à des arrestations, à la détention et à des renvois forcés illégaux de migrants et de réfugiés.
La Grèce viole les règles internationales et européennes qui protègent ces personnes, y compris lorsqu’elles franchissent irrégulièrement une frontière. (...)
Des renvois forcés toujours pratiqués
Que ce soit dans la région d’Evros, frontière terrestre avec la Turquie, ou en mer Egée, les pratiques sont identiques et les témoignages collectés sont édifiants.
Une fois aux mains de la police grecque, les migrants et les réfugiés sont chargés à bord de petits bateaux en plastiques ou en bois et sont remorqués vers le territoire turc. En mer Egée, les gardes-côtes retirent les moteurs et l’essence des bateaux et les remorquent jusqu’aux eaux territoriales turques où ils sont abandonnés, avec leurs passagers.
Parfois, ces opérations conduisent à des drames, comme celui qui causa la mort de onze personnes dont huit enfants, le 20 janvier 2014 .
Repoussés et maltraités
Ces opérations se déroulent souvent dans la violence. Beaucoup des personnes rencontrées ont témoigné avoir été battues, giflées et frappées par des gardes-côtes à bord de leur navire, et même menacées avec des armes.
Ces violences sont commises sous les yeux d’enfants déjà traumatisés par ce qui les a poussé à prendre la route de l’exil et par les conditions éprouvantes des « voyages ».
La Grèce minimise le problème (...)
L’Union européenne doublement impliquée
Les frontières de la Grèce sont aussi celles de l’Union européenne.
Pour les Etats membres de l’Union européenne il est important que la Grèce contrôle fermement ses frontières pour dissuader les migrants et les réfugiés de rejoindre leurs territoires.
La Grèce a d’ailleurs reçu de l’UE et de ses Etats membres deux signes qui encouragent sa politique :
- Entre 2011 et 2013, la Commission européenne a alloué plus de 12 millions d’euros pour l’accueil des demandeurs d’asile et réfugiés. Sur la même période, ce sont plus de 227 millions d’euros qui lui ont été donnés pour le contrôle des migrations.
- Depuis 2006, l’agence Frontex, qui coordonne le contrôle des frontières extérieures de l’UE, organise des opérations de contrôle aux frontières grecques. Des agents d’autres Etats membres y participent aux côtés de la police grecque. (...)
Action #SOSEurope : envoyez un message à Manuel Valls :
En juin, l’UE va décider sa politique pour les cinq années. En matière d’asile et des migrations, il faut qu’elle fasse le choix de sauver des vies et de protéger les droits.