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Gros chantier
Article mis en ligne le 8 septembre 2014
dernière modification le 2 septembre 2014

Quand on arrive à l’usine, ce qui surprend c’est le silence. Pas de bruit, pas de fumée. Que dalle ! Comme un fantôme d’usine. Au moins pendant ce temps-là, on ne pollue pas l’atmosphère avec nos rejets azotés et nos nuages de poussières d’engrais. Cela fait deux mois que les installations sont totalement à l’arrêt pour des entretiens et de gros travaux et je n’arrive pas à m’habituer à ce silence. En même temps, ça grouille d’ouvriers de divers métiers et de divers pays. De temps en temps, on entend la frappe d’une masse sur du métal ou le ronflement d’une grue qui transporte des morceaux de turbine. Ce sont des travaux qui étaient plus que nécessaires sur du matériel en très mauvais état. Des travaux qui auraient dû être faits depuis des années, mais Total a voulu retarder les choses, pour que ce soit au nouveau propriétaire d’assumer ces réparations, contre une petite ristourne sur le prix de vente de l’usine.

(...) C’est lors du redémarrage des installations que nous allons devoir être plus que présents. On découvrira des aberrations, des joints mal posés et surtout de nouveaux systèmes informatiques qui – on est coutumier du fait – ne seront pas tout à fait au point et qu’il faudra amadouer. Pour les copains de la maintenance, c’est autre chose. Ils ont la pression pour que les travaux soient faits, et bien fait, le plus vite possible.

Mais cela n’est rien par rapport aux salariés des entreprises sous-traitantes. Pour cet arrêt, ils sont jusqu’à 1 400 sur le site. Il a fallu créer des installations spéciales de bureaux provisoires, de vestiaires, de salle de restauration, et un nouveau parking pouvant accueillir 500 véhicules construit sur un terrain vague et qui devra être totalement détruit après cette phase de travaux. A la benne, l’enrobé ! Ce sont ces sous-traitants, majoritairement intérimaires ou venant de Pologne et du Portugal, qui subissent le plus de pressions et de mauvaises conditions de travail. Comme les délais ne doivent pas être dépassés, il leur faut faire des tas d’heures supplémentaires, en travaillant parfois 7 jours sur 7. Il leur arrive d’intervenir sur des sites où il reste des poussières d’amiante, ou pendant que des radios au Rayon X sont faites sur du matériel. Les quelques accidents du travail sont maquillés en postes aménagés. Les collègues du CHSCT ne cessent d’intervenir et les inspecteurs du travail doivent venir rappeler la loi à tout bout de champ. D’autant que la direction a demandé des dérogations pour les heures supplémentaires que l’inspection a refusées.

En plus de ça, tous ces salariés sous-traitants sont étroitement surveillés. (...)