
Savez-vous qu’à Guantanamo, il reste 166 prisonniers ? Enfermés pour certains depuis onze ans sans procès, ils ont vu 600 de leurs co-détenus partir et le camp se vider.
Le 6 février, quelques-uns commencent une grève de la faim.
Ils protestent contre la fouille de leur Coran, qu’ils jugent indigne, par les autorités américaines.
Progressivement, la grève s’étend. Au bout de trois mois, 100 détenus sur 166 ont cessé de s’alimenter. Le camp n’a jamais connu d’action collective si longue et d’une telle ampleur.
« Deux fois par jour, ils m’attachent à une chaise »
Pas question pour les autorités américaines de les laisser mourir de faim. Alors une vingtaine de détenus sont alimentés de force, par des tubes dans le nez. Les gardiens les ont aussi séparés, dans des cellules individuelles, pour casser un mouvement naissant de révolte. (...)
Obama avait fait de la fermeture de Guantanamo une promesse de campagne prioritaire, en 2008, pour rompre avec les années Bush de « guerre contre le terrorisme ». Mais le camp reste ouvert. Les autorités américaines mettent en avant une difficulté : où renvoyer les détenus, qui ont passé dix ans à Cuba ? Des ex-prisonniers du camp ont repris les armes dans leur pays, après leur libération.
Alors, lorsque le pays d’origine est jugé trop peu sûr par les Américains, les détenus restent à Guantanamo. Même ceux qui ont été déclarés « libérables », c’est-à-dire la moitié des détenus restants. Impensable, par exemple, de les renvoyer au Yémen.
La sénatrice américaine Dianne Feinstein a écrit jeudi au président Obama, pour l’enjoindre de réviser sa doctrine.
(...)
Depuis des années, le comité de soutien d’un détenu algérien, Nabil Hadjarab, presse la France de répéter son geste. En février, Rue89 évoquait le cas de cet homme, déclaré deux fois « libérable », sous Bush et sous Obama, en 2007 et 2011.
« Il parle mieux le français que l’arabe. Son grand-père, son père et son demi-frère ont servi dans l’armée française. Son oncle Ahmed, qui vit à Mulhouse, se dit prêt à “ lui réapprendre à vivre en liberté, l’intégrer, le conseiller, l’accompagner ”. (...)