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M’PEP
Guerre civile en Ukraine
Par Jacques Sapir, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), textes rédigés les 24 et 25 août 2014 et diffusés par le Mouvement politique d’émancipation populaire (M’PEP)
Article mis en ligne le 27 août 2014

Depuis plusieurs mois, l’Ukraine est le théâtre d’événements particulièrement graves dont l’élément déclencheur est cet Accord d’association, tout à fait redoutable passé entre l’Union européenne et l’Ukraine. Le M’PEP partage l’analyse de Jacques Sapir et dénonce l’alignement de l’Union européenne sur l’OTAN et la position du gouvernement Valls dans le conflit ukrainien. Un cessez le feu s’impose immédiatement. Le gouvernement ukrainien doit reconnaître la demande d’autonomie du Donbass, et les autorités insurgées du Donbass reconnaître l’autorité formelle de Kiev sur leur région, dans le cadre d’une Ukraine fédérale, solution sans doute transitoire.

La situation militaire dans l’Est de l’Ukraine évolue actuellement en faveur des insurgés. Avant d’en venir à une description des opérations, il faut d’abord faire un certain nombre de remarques.

(1) Au journal de 20h du samedi 23 août, le reportage des journalistes de France-2 a été exceptionnellement honnête. Les bombardements des forces loyales au gouvernement de Kiev, leur caractère aléatoire (un hôpital et une école furent touchés), et leurs dramatiques conséquences, ont été montrés. Il s’agit, peut-être, d’un tournant dans la couverture médiatique de cette guerre civile.

(2) Ceci conduit à regarder les mots qui sont utilisés pour décrire cette situation. Le gouvernement de Kiev utilise « opération anti-terroristes », ce qui est une honteuse mascarade. Que l’on approuve, ou non, les insurgés, ces derniers ne SONT PAS des terroristes, ou alors ils le sont tout autant que les résistants français, qualifiés de « terroristes » par le gouvernement de Vichy et les Allemands. L’emploi abusif du mot « terroriste » cache la réalité. C’est le gouvernement de Kiev qui, en réalité, tente de terroriser la population civile de Donetsk et Lougansk par des bombardements aveugles sur des cibles non militaires. On ne peut qu’être frappé par la différence de traitement entre la Syrie et l’Ukraine. Toutes choses étant égales par ailleurs, le gouvernement de Kiev utilise les mêmes moyens qui furent reprochés en son temps à Bachar el-Assad. Les insurgés peuvent être qualifiés d’indépendantistes (ce qu’ils sont devenus dans leur majorité) voire de séparatistes. Le qualificatif de « pro-russe » qui est utilisé, en particulier par France-2, est stupide. Les dirigeants du mouvement insurgé n’ont jamais demandé leur rattachement à la Russie. Pour l’instant, ils demandent la reconnaissance de leur autonomie. Rappelons, aussi, qu’à la différence avec la Crimée, le gouvernement russe n’a jamais reconnu la validité des référendums d’indépendance qui ont été tenus dans l’est de l’Ukraine.<

Les sources d’informations disponibles, journalistes mais aussi blogs, et en particulier http://cassad-eng.livejournal.com/ et celui de la Voice of Sevastopol http://voicesevas.ru/news/yugo-vostok/3976-voyna-na-yugo-vostoke-onlayn-23082014-hronika-sobytiy-post-obnovlyaetsya.html, permettent de se faire une idée plus précise des évolutions de la situation militaire sur le terrain.

(a) Les forces loyales au gouvernement de Kiev continuent les attaques frontales sur Ilovaysk, au sud de Donetsk. En dépit d’une supériorité numérique de 1 à 5 (voire pour certains de 1 à 7), d’après l’un de mes correspondants elles n’ont fait aucun progrès et ont subi des très lourdes pertes. Ceci est dû tant à la qualité des forces de la milice des insurgés qu’à une série d’erreurs tactiques assez grossières commises par les forces de Kiev. (...)