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Slate.fr
Guerre du Yémen : chut, on tue !
Article mis en ligne le 23 avril 2018
dernière modification le 22 avril 2018

Le conflit, entré dans sa quatrième année, a provoqué « la plus grave crise humanitaire au monde » –face au silence assourdissant de la communauté de l’indifférence internationale. Les ONG sur le terrain accusent principalement Riyad du massacre en cours.

« Plus de vingt-deux millions de Yéménites ont désormais besoin d’une certaine forme d’aide humanitaire, dont seize millions n’ont pas accès à l’eau potable, tandis que 8,4 millions sont menacés de famine. » Ces trois chiffres des Nations unies résument à eux seuls l’ampleur du désastre humanitaire engendré par le conflit –désormais entré dans sa quatrième année– que se livrent par procuration l’Arabie saoudite et l’Iran sur le sol yéménite. (...)

L’opération « Tempête de fermeté » lancée il y a trois ans par l’Arabie saoudite a fait jusque-là plusieurs milliers de morts et mis l’économie et la société à plat dans l’un des pays les moins avancés (PMA) du monde, tandis que la rébellion du groupe Ansar Allah (les rebelles houthis) n’a fait qu’aggraver la crise humanitaire.

Le pays a subi en 2017 la pire épidémie de choléra de l’histoire moderne (...)

Selon le consortium d’ONG, citant le Yemen Data Project, « le Yémen a subi plus de 16.000 raids aériens depuis mars 2015 –l’équivalent d’un bombardement toutes les quatre-vingt-dix minutes– tandis que plus d’un tiers de ces attaques ont ciblé des positions non-militaires ».

« Depuis trois ans, 6.100 civils ont été tués et 9.683 blessés », dont 61% par la coalition, tandis que les autres victimes sont tombées sous les « tirs d’artillerie indiscriminés et tirs de snipers des Houthis dans des zones densément peuplées, précisent les dix ONG. (...)

À Sanaa, les prix des produits élémentaires ont bondi de 80% pour le seul mois de février 2016 par rapport au mois précédent, selon le Studies and Economic Media Center (SEMC), présent sur le terrain.

Selon l’IRC, un enfant yéménite de moins de cinq ans meurt ainsi « chaque dix minutes en raison de l’absence de traitements préventifs », tandis que « 520.000 femmes enceintes n’ont pas accès aux services de santé reproductive et 462.000 enfants souffrent de malnutrition aigue, un chiffre en hausse de 200% depuis le début de la guerre », précise le rapport.

ONG : des conditions de travail extrêmes (...)

International Rescue Committee n’a pas hésité dans son rapport à accuser de manière directe les États-Unis et le Royaume-Uni de soutenir l’Arabie saoudite dans sa « guerre dévastatrice » contre le pays.

Selon IRC, Riyad aurait déboursé jusqu’à 200 millions de dollars par jour sur cette guerre, alors que le montant de 20% alloué aux services de santé dans le budget 2018 du Yémen (de trois milliards de dollars) représente seulement trois jours de dépenses par l’Arabie Saoudite pour financer ses efforts de guerre. (...)

Quant aux États-Unis, ils ont approuvé la vente d’armes à l’Arabie Saoudite d’un montant de 17,9 milliards de dollars, soit près de vingt-sept fois l’aide humanitaire accordée par Washington au Yémen.

Mais Riyad et ses parrains ne sont pas les seuls responsables du désastre actuel.

« Toutes les parties prenantes au conflit partagent une responsabilité morale et juridique quant à la crise humanitaire en cours. La première recommandation du rapport de notre ONG est que le gouvernement du Yémen et le groupe Ansar Allah oeuvrent en faveur d’une cessation des hostilités », tempère Frank Mc Manus. (...)

Le plus grave dans la guerre actuelle reste qu’elle exacerbe les problèmes structurels – partiellement à l’origine des manifestations géantes de 2011. Avec un PIB/habitant de moins de 1 500 dollars, le Yémen souffrait déjà, à la veille du printemps arabe, d’un très faible taux de scolarisation, d’une malnutrition chronique et d’une absence d’accès à l’eau potable pour près d’un tiers de la population. (...)