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France TV Info
Guerre en Ukraine : poursuivre son activité, arrêter d’investir, quitter le pays... Quatre questions sur les réactions des entreprises françaises en Russie
Article mis en ligne le 8 mars 2022

Face au conflit qui fait rage en Ukraine, les entreprises tricolores sont en plein dilemme. Jusqu’ici, peu d’entre elles ont choisi d’interrompre totalement leur activité sur le sol russe.

Rester ou partir ? Une semaine après l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes, les entreprises françaises installées en Russie doivent choisir de poursuivre ou non leur activité, en dépit des problèmes d’approvisionnement suscités par la guerre, des sanctions infligées par l’Occident à Moscou et du risque pesant sur leur image. Un dilemme particulièrement compliqué alors que la France est le premier employeur étranger dans le pays et le deuxième pourvoyeur d’investissements directs étrangers.

De fait, si de nombreuses multinationales ont annoncé leur retrait de Russie, le mouvement est encore peu suivi par les entreprises françaises. Franceinfo vous résume la situation en quatre questions.

1. Pourquoi la question d’un arrêt de l’activité se pose-t-elle ?

L’invasion russe en Ukraine pose d’abord des problèmes logistiques aux entreprises. Le groupe d’ameublement suédois Ikea a ainsi annoncé la suspension de toutes ses activités dans le pays et chez son voisin biélorusse en raison de "perturbations graves de la chaîne de production et de commerce".

Dans certains secteurs comme l’aérien et la finance, les sanctions économiques prises contre la Russie obligent par ailleurs à réduire la voilure. Face à l’interdiction faite par le Canada et l’Union européenne d’exporter vers la Russie des avions, pièces et équipements de l’industrie aéronautique, Airbus a ainsi dû suspendre ses services d’assistance aux compagnies aériennes russes ainsi que la fourniture de pièces détachées. En outre, l’existence des sanctions fait peser le risque de ne plus pouvoir "rapatrier les bénéfices vers (...) les sièges, puisque l’argent est déposé sur le compte d’une banque russe et que progressivement, [les banques] sont coupées du système bancaire international", avance auprès de Ouest-France Estelle Brack, cheffe économiste et fondatrice de KiraliT, une firme de conseil stratégique aux entreprises.

Enfin, la poursuite de l’activité en Russie pose aussi la question de la responsabilité sociale des groupes, certains d’entre eux prenant les devants pour préserver leur réputation. (...)

2. A quelles difficultés sont confrontées les entreprises qui voudraient quitter la Russie ?

Pour autant, cesser son activité en Russie pour une entreprise qui y est implantée est "très difficile", résume à l’AFP Guntram Wolff, directeur du centre de réflexion bruxellois Bruegel. "La Banque centrale russe interdit la vente d’actifs financiers et (...) même si ces ventes étaient autorisées, le rouble a tellement perdu de sa valeur que les pertes seraient énormes", met-il en avant. (...)

Beaucoup peuvent craindre des saisies de certains de leurs avoirs ou des expropriations", souligne Sébastien Jean. Enfin, partir reviendrait à laisser une ouverture sur le marché pour de potentiels concurrents moins gênés par le dilemme moral posé par l’invasion russe, ce qui affaiblirait l’activité sur le long terme.

3. Que conseille la France aux entreprises tricolores ?

Si le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, voit désormais "un problème de principe" dans le fait que des entreprises travaillent avec les proches du pouvoir russe, il n’a pas pour autant appelé les groupes français à quitter le pays. (...)

Lors d’une réunion le 4 mars entre Emmanuel Macron, certains ministres et des chefs de grandes entreprises, "Bruno Le Maire a indiqué qu’il paraissait plus raisonnable de mettre ses activités sur pause le temps de la crise, plutôt que de quitter précipitamment le pays, de façon unilatérale et sans prévenir personne", a aussi rapporté un participant cité par Le Figaro (article réservé aux abonnés).

4. Que font les entreprises françaises ?

Une semaine après le déclenchement de l’invasion russe en Ukraine, de nombreuses multinationales ont pris leurs distances avec la Russie, comme BP, Shell, Disney, Volvo, Microsoft ou Meta. Mais peu de grandes entreprises françaises ont annoncé leur intention d’arrêter temporairement leur activité en Russie, et aucune de manière durable. (...)