
Décidément on nous la baille belle avec l’horreur des armes chimiques comme s’il fallait établir des distinguos abscons entre morts déchiquetés sous des bombes conventionnelles ou asphyxiés au gaz innervant. Et puis les Anglo-américains devraient commencer par balayer devant leurs malpropres portes au lieu de jouer aux offusqués et aux saints innocents. Un peu d’histoire à ce sujet ne peut être que salutaire en nous aidant à ne pas nous laisser embourber dans le pathos médiatique ! N’est-ce pas en effet Washington qui a livré une impitoyable guerre chimique au Vietnam entre 1961 et 971 avec des épandages massifs - 80 millions de litres - d’Agent Orange, un défoliant comportant de la dioxine ? Ce sont de 2,1 à 4,8 millions de Vietnamiens qui ont été touchés par ce composé hautement mutagène dont les effets se font sentir encore aujourd’hui.
Pour ce qui est de la tragédie du gazage du village Kurdes d’Halabja en 1988 sans doute conviendrait-il de faire remonter à la surface de l’oubli ce qu’écrivait Barry Lando, ancien de la chaine américaine CBS, dans Le Monde du 17 octobre 2005 1 à savoir qu’il eut fallu se souvenir « que les armes chimiques irakiennes étaient fournies principalement par des sociétés françaises, belges et allemandes, dont les ingénieurs et chimistes savaient exactement ce que Saddam préparait. Ni que les États-Unis avaient précédemment fourni à Saddam des images satellite lui permettant d’attaquer les troupes iraniennes avec des armes chimiques ; ou encore que, durant des années, les États-Unis et leurs alliés ont bloqué les campagnes internationales visant à faire condamner Saddam pour son utilisation du gaz moutarde et des gaz neurotoxiques ». M. Rumsfeld lui-même ne se rendit-il pas d’ailleurs en visite protocolaire à Bagdad… juste après le gazage d’Halabja ?
Nous ne nous attarderons pas sur ce drame. Rappelons cependant que les Iraniens utilisaient également des gaz de combats ce dont nul ne parle plus à présent. De la même façon le nombre des victimes d’Halabja a toujours été surévalué pour d’évidentes raisons de propagande - pré et post mortem – liée à cette figure du Mal qu’incarnait le monstre Saddam Hussein, afin de sauver la face hideuse des démocraties vengeresses et de leurs mensonges infernaux. Les premiers à avoir donné le bon exemple en ce domaine ne fut-il pas le britannique Winston Churchill en personne ? Churchill pour lequel « la Vérité est trop précieuse pour ne pas la protéger d’un cortège de mensonges » (...)
On ne conclura pas en soulignant à quel point les anglo-américains – voire les Français partie prenante de la guerre du Rif – sont aujourd’hui malvenus de donner des leçons de morale publique au monde entier. Sans doute devraient-ils procéder, s’ils en étaient capables, à un examen de conscience minimal. Même si la morale des États ne peut se réduire à la morale des individus, les États sans morale aucune – quoi qu’ils en usent comme paravent et prétexte à leur actions délétères – ne sont à l’absolu que la ruine des Nations et une honte pour l’espèce dite humaine…