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Guyane : un projet de centrale menace la forêt
#guyane #forets #autochtones
Article mis en ligne le 11 mars 2023

Alors que Macron parade en Afrique centrale à l’occasion du One Forest Summit, l’État français perpétue sa politique coloniale en imposant un projet aberrant de centrale photovoltaïque en Guyane, quitte à détruire plusieurs dizaines d’hectares de forêt amazonienne.

On le rappelle, la Guyane est un réservoir mondial de la biodiversité où cohabitent près de 5.500 espèces végétales, 700 espèces d’oiseaux, 177 espèces de mammifères ou encore 430 espèces de poissons. C’est aussi un territoire en forte expansion démographique depuis près de 20 ans qui traverse une profonde crise économique. Aujourd’hui encore, beaucoup de guyanais-es n’ont pas accès à l’électricité. On estimait en 2017 que 53% des guyanais-es vivaient sous le seuil de pauvreté (moins de 1010€ par mois).
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Décidés à faire déplacer le projet sur des espaces nettement moins sensibles, près de 200 Kali’na – peuple autochtone de la côte Caraïbe – s’opposent farouchement aux politiques et administrations qui soutiennent les travaux. (...)

à l’initiative des populations locales s’est constituée aux abords du chantier une « Zone Autochtone à Défendre » constituant un véritable camp de base d’où partent régulièrement les militant-es pour envahir le chantier ou organiser des opérations de sabotage.

Pourtant, en face, la répression est féroce. Le déploiement des forces de l’ordre est abusif et régulièrement disproportionné. (...)

Les responsables des villages sont régulièrement mis en garde à vue pour tenter de décourager l’opposition. Mais rien à faire, les esprits sont déterminés à inscrire la lutte dans la durée (...)

le déploiement des forces françaises pour soutenir de tels projet nous rappelle que la colonisation capitaliste n’est pas encore morte et que les sociétés industrielles n’ont que du mépris pour la vie (et l’avis) des populations locales quand il s’agit d’ouvrir de nouveaux marchés. (...)

Lire aussi :

 (Street Press) (décembre 2022)
Guyane : un village amérindien se dresse contre la centrale électrique d’un proche de Macron

Pour installer sa centrale électrique, l’entreprise Meridiam, fondée par un proche du président, a rasé une partie d’une forêt vivrière traditionnelle des Amérindiens. Les autochtones organisent la résistance. (...)

Les jeunes, la plupart masqués, rugissent leur approbation, colère et détermination plein les yeux. Certains agitent en rythme le drapeau des six peuples amérindiens du territoire. Nous sommes sur le chantier de la future Centrale électrique de l’Ouest guyanais (Ceog), à moins d’un kilomètre du village de Prospérité, à cheval sur les communes de Saint-Laurent du Maroni et Mana, à l’ouest de la Guyane, territoire français en pleine Amazonie, coincé entre le nord du Brésil et le Suriname. (...)

Partout où se pose le regard, ce n’est que boue, arbres tombés et traces de véhicules. La forêt secondaire qui se dressait là est en train de disparaître, pour laisser place à un projet industriel d’ampleur, prévu pour fonctionner sur 25 ans et censé fournir jusqu’à 10.000 foyers à l’ouest du territoire en électricité. (...)

le projet a été validé par l’Etat en 2019, moins d’un an après le dépôt de la première demande. La proximité de Thierry Déau, fondateur de Méridiam, avec Emmanuel Macron est peut-être une autre explication à cette autorisation expresse, bien rare en Guyane. Le grand patron de la Ceog a en effet rencontré le chef de l’Etat en 2014, à Bercy. Il l’a aussi aidé à lever des fonds pour sa première campagne présidentielle, à l’occasion des fameux dîners de Londres. Le chef d’entreprise a par la suite accompagné le président de la république dans plusieurs pays africains, notamment le Sénégal où Méridiam essaie aujourd’hui de vendre une centrale hybride en vantant le « succès » de la Centrale électrique de l’Ouest guyanais – pourtant pas encore sortie de terre.

Autre élément surprenant, pas moins de trois anciens conseillers des gouvernements macronistes ont quitté la fonction publique pour rejoindre Méridiam. (...)

Un écosystème en danger

L’association nationale pour la biodiversité, qui soutient la lutte depuis l’Hexagone, a déposé le 17 novembre dernier, une nouvelle plainte, pour « destruction de nids et d’œufs d’espèces protégées, de perturbation intentionnelle d’espèces protégées, d’altération de l’habitat d’une espèce protégée, de pollution du milieu aquatique, d’atteinte à la faune aquatique et de réalisation de travaux soumis à autorisation sans satisfaire aux prescriptions fixées par l’autorité administrative ayant provoqué une dégradation substantielle de la faune et de la qualité de l’eau ». (...)