
L’année dernière, des dizaines de milliers de tonnes d’outils, de semences et de boutures de plantes ont été distribuées à près de 400.000 familles paysannes haïtiennes, soit entre un tiers et la moitié de la population agricole du pays.
Le programme, qui a couté $ 20 millions de dollars, a été lancé par l’Organisation pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), qui l’a mis en œuvre en collaboration avec les « Organisations Non Gouvernementales internationales » ou « ONGI » comme Oxfam, l’USAID, le Catholic Relief Services, ainsi que le Ministère de l’agriculture.
« La logique derrière [cette distribution] c’est que, dans les zones sinistrées et dans celles qui ont reçu un grand nombre de personnes déplacées, les paysans ont perdu leur capital », selon Francesco Del Re de la FAO. « Ce n’était pas une distribution générale. C’était une distribution bien ciblée, dirigée vers les plus vulnérables. »
Le géant agroalimentaire Monsanto a également offert 475 tonnes de maïs et de semences de légumes hybrides, qui devaient être distribuées essentiellement par le programme agricole phare de l’USAID - WINNER (Watershed Initiative for National Environmental Resources)(...)
Au cours de cette enquête qui a duré trois mois, les journalistes des radios communautaires, de la Société pour l’Animation de la Communication Sociale (SAKS) et de l’agence en ligne AlterPresse ont découvert des éléments controversés, des informations concernant de mauvaises récoltes, des risques environnementaux et sanitaires, et un danger d’accroissement de la dépendance.(...)
Même si l’étude sur les semences a également prévenu qu’« on ne devrait jamais introduire dans un contexte d’urgence de nouvelles variétés qui n’ont pas été testées sur le site agroécologique en question et dans les conditions de gestion des paysans », le ministère de l’Agriculture a approuvé le don de 475 tonnes de semences de variétés hybrides de Monsanto, en contradiction directe avec la loi haïtienne et les conventions internationales qui visent à protéger le patrimoine génétique et l’écosystème en général.(...)
Bien que l’USAID / WINNER tente de dissimuler son travail derrière des règlements internes qui empêchent les employées de parler avec des journalistes, Ayiti Kale Je a découvert qu’au moins 60 tonnes de variétés de maïs hybride et de semences de légumes Monsanto et Pioneer ont, entre autres, été distribuées et ont été activement promues.(...)
Au moins certains des agriculteurs interrogés ne semblent pas comprendre non plus les risques sanitaires et environnementaux qu’impliquent l’utilisation des semences traitées avec des fongicides et herbicides. Dans au moins un endroit, il est tout à fait possible que les agriculteurs utilisent les semences sans porter des gants, masques et autres objets de protection. Également, – jusqu’à l’intervention de Ayiti Kale Je – ils avaient l’intention de broyer les graines toxiques et en faire des aliments pour les volailles.(...)
Dans quelques endroits à travers le pays, les semences n’ont pas été bien recues. « Je voudrais dire aux ONG que le fait que nous sommes le pays le plus pauvre ne signifie pas qu’ils doivent nous offrir n’importe quoi comme aide », a dit Jean Robert Cadichon, un agriculteur mécontent de Bainet (Sud-Est).(...)
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