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chroniques du yeti
Henri Laborit aurait 100 ans : "Éloge de la fuite" ou la révolution permanente
Article mis en ligne le 23 novembre 2014

Henri Laborit, neurobiologiste, spécialiste des comportements humains, aurait aujourd’hui 100 ans. L’occasion de rééditer cette petite chronique de juillet 2012 en l’honneur de ce personnage et de son ouvrage le plus emblématique : “Éloge de la fuite” (Folio, 7,50 euros).

Que nous raconte-t-il de si crucial, ce bouquin ? Eh bien, il parle de nous. De notre indécrottable difficulté à nous extraire des échelles hiérarchiques pré-établies et des grilles de convenances imposées par le système dominant.

Façonnés, modelés depuis la nuit des temps par notre éducation à céder à toutes nos pulsions inconscientes et à nous soumettre au cadre formel hiérarchique dans lequel notre entourage familial et social nous confine, nous nous coulons dans ce moule à tous les niveaux de notre existence : personnel, familial, social, amoureux…

Parvenus tant bien que mal au stade hiérarchique qui nous croyons nous être dévolu, nous nous y accrochons comme des morts de faim, trouvant tous les faux-prétextes pour justifier nos immobilismes, niant les évidences les plus criantes. Même quand nous en sommes victimes. Ou que le moule se casse la gueule. Comme c’est le cas avec cette grande crise civilisationnelle.

Grandeur et misère de la révolte (...)

Tous ceux qui sont expulsés de cette course à la dominance sont voués à s’étioler et à se racornir. À se punir à coups de stress et de maladies psychosomatiques. À se réfugier dans des croyances religieuses puériles, des emportements nationalistes régressifs, des explosions de violence aveugle.

La révolte ? Nécessaire et légitime, bien sûr. Possible même, lorsque les structures hiérarchiques du moment et leur support économique sont à bout de souffle. Mais l’histoire montre que ces révoltes ne supportent jamais l’épreuve du temps et que les pulsions millénaires de dominance reviennent rapidement au galop. Toute révolte est hélas vouée à terme à la déchéance.

« Car la révolte, si elle se réalise en groupe, retrouve aussitôt une échelle hiérarchique de soumission à l’intérieur du groupe. »

Courage, fuyons

Face à ces constats, ne reste que la fuite. La fuite et la connaissance, dit Laborit.

Il faut bien du courage et de la volonté pour échapper aux structures suffocantes tissées par notre éducation et à la sclérose des ordres établis. (...)

La fuite, pour Laborit, « c’est la révolution permanente ». Une lutte incessante pour se tenir loin des toiles d’araignées hiérarchiques dans lesquelles le plus grand nombre cherche à vous recoller.

La “révolution permanente”, selon Laborit, ne recherche pas l’excuse du nombre. Elle est minoritaire. Ne peut être QUE minoritaire. Elle commence par soi-même, progresse par réseaux. Elle se joue des sarcasmes et des imprécations majoritaires.

Quand une révolution devient majoritaire, elle est déjà sur la voie de la déchéance.