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Observatoire des inégalités
Hétérosexualité/homosexualité : « passer de la question du droit à la question des normes », entretien avec Sébastien Chauvin, sociologue.
Article mis en ligne le 22 décembre 2016
dernière modification le 16 décembre 2016

Le mariage pour tous constitue une avancée réelle pour l’égalité des droits entre hétérosexuels et homosexuels. Le combat à venir est un combat contre l’institution de l’hétérosexualité en norme de référence. Entretien avec Sébastien Chauvin, sociologue au Centre en études Genre de l’université de Lausanne.

Comment et où se manifeste le rejet de l’homosexualité dans la société ?

La violence à l’égard des homosexuels peut s’exercer dans la rue et dans le cercle privé. Elle peut aller de l’insulte à la violence physique, à l’expulsion des adolescents du domicile familial, par exemple. Mais il y a aussi des violences plus symboliques. C’est le cas par exemple des inégalités en termes de droits, ainsi que le montrent les débats actuels sur l’adoption, la procréation médicalement assistée [1] ou la gestation pour autrui [2]. En fait, il y a autant de formes d’homophobie que d’aspects de l’homosexualité qu’il est possible de rejeter. Ces formes de rejet ne se recoupent d’ailleurs pas nécessairement. Par exemple, on peut accepter les gays masculins et les lesbiennes féminines, mais rejeter les personnes présentant une expression atypique de genre, des traits associés à l’autre sexe (une femme masculine, un homme féminin), qui peuvent parfaitement être hétérosexuelles.
D’autres formes d’homophobie au contraire peuvent se montrer tolérantes avec les écarts sur le plan du genre (celle des « folles » par exemple) puisque cette forme de visibilité permet un contraste clair avec l’identité des « normaux ». Mais les mêmes pourront éprouver une peur panique à l’idée d’amour ou de sexualité entre deux hommes masculins, plus menaçante en un sens (au contraire de la sexualité entre deux femmes, que l’imaginaire patriarcal réduit souvent à une simple extension ludique de l’hétérosexualité). (...)

Comment et où se manifeste le rejet de l’homosexualité dans la société ?

La violence à l’égard des homosexuels peut s’exercer dans la rue et dans le cercle privé. Elle peut aller de l’insulte à la violence physique, à l’expulsion des adolescents du domicile familial, par exemple. Mais il y a aussi des violences plus symboliques. C’est le cas par exemple des inégalités en termes de droits, ainsi que le montrent les débats actuels sur l’adoption, la procréation médicalement assistée [1] ou la gestation pour autrui [2]. En fait, il y a autant de formes d’homophobie que d’aspects de l’homosexualité qu’il est possible de rejeter. Ces formes de rejet ne se recoupent d’ailleurs pas nécessairement. Par exemple, on peut accepter les gays masculins et les lesbiennes féminines, mais rejeter les personnes présentant une expression atypique de genre, des traits associés à l’autre sexe (une femme masculine, un homme féminin), qui peuvent parfaitement être hétérosexuelles.
D’autres formes d’homophobie au contraire peuvent se montrer tolérantes avec les écarts sur le plan du genre (celle des « folles » par exemple) puisque cette forme de visibilité permet un contraste clair avec l’identité des « normaux ». Mais les mêmes pourront éprouver une peur panique à l’idée d’amour ou de sexualité entre deux hommes masculins, plus menaçante en un sens (au contraire de la sexualité entre deux femmes, que l’imaginaire patriarcal réduit souvent à une simple extension ludique de l’hétérosexualité). (...)

L’un des combats à venir consiste à passer de la question de l’égalité des droits à la question des normes sociales, celles de ce qu’on appelle l’ « hétéronormativité », c’est-à-dire le fait de supposer que tout le monde est automatiquement hétérosexuel sauf mention contraire. Comment éduquer les éducateurs, les éducatrices et puis les familles à ne pas se comporter avec les enfants et les adolescents comme si garçons et filles devaient automatiquement devenir hétérosexuel.le.s sauf exception. C’est à travers les pratiques qu’on peut changer les choses, par exemple en disant à son enfant « Tu nous ramèneras qui tu veux »… et non pas simplement en prônant sa « tolérance envers des personnes « bizarres » aux pratiques finalement « déviantes » de la norme.