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Homophobie à l’université : une enquête est ouverte
Article mis en ligne le 4 octobre 2020

Le mardi 29 septembre, a eu lieu pour la première fois du semestre le cours d’histoire du droit de la famille tenu par Aram Mardirossian. Il a évoqué avec véhémence le mariage homosexuel et la transsexualité. Jeudi soir, le ministre de la Justice est revenu sur les faits en les condamnant et le parquet de Paris s’est saisi de l’affaire. Retour sur ces propos problématiques.

Les élève s’installent, le cours commence. Le professeur attaque tout de suite : « moi à titre personnel, je suis fondamentalement hostile au mariage des homosexuels ».

Il n’a donc fallu que quelques minutes pour que le professeur agrégé en histoire du droit commence, sans filtre, à proférer des propos homophobes, transphobes et sexistes.

Depuis quelques années, ce professeur est tristement célèbre en Sorbonne pour avoir déjà montré son homophobie et sa transphobie sans gêne en amphithéâtre. Néanmoins, mardi, les cours sont filmés (merci le Covid19).

Il a ainsi établi des parallèles douteux entre le mariage homosexuel légalisé en 2013 et le mariage zoophile. (...)

Il affiche une homophobie décomplexée sous couvert d’arguments religieux profondément archaïques et conservateurs.

Le professeur, une fois lancé, ne s’arrête pas là et aborde le sujet de la transidentité. Dans la même lignée que ces propos homophobes, il s’engage dans un discours au travers duquel il justifie sa transphobie grâce à des arguments biologisant : « enfin un truc complètement délirant, j’ai oublié l’espèce tellement elle m’a laissée perplexe. Tout ça pour dire que des portes sont ouvertes et il n’y a plus de limites ».

Puis, pour compléter la palette du professeur réactionnaire, Aram Mardirossian s’attaque aux femmes : il va ainsi décrire la maternité d’une femme comme celle d’une femme « engrossée ».

C’est avec stupeur que les étudiant.e.s en droit assistent à son cours.

Beaucoup d’entre-eux n’ont même pas voulu retourner en cours après la pause. Chacun est plus ou moins touché mais le constat est le même : ses propos sont outrageants, délictuels et nécessitent d’être condamnés.

Le jeudi 1er octobre dernier, sur le plateau de C à vous, Eric Dupond-Moretti est revenu sur les faits : « la justice dira ce qu’elle à dire. On va redire clairement les choses : la liberté d’expression c’est fondamental mais ça s’arrête là où la loi l’a décidé ; les propos homophobes, les propos racistes, les propos sexistes peuvent donner lieu à poursuites pénales, et on ne peut pas se comporter comme un imposteur avec la liberté . »

Il condamne ainsi les propos du professeur agrégé. Le Parquet de Paris ouvre une enquête. (...)

La liberté d’expression n’est pas la voie à des propos homophobes, transphobes, sexistes et racistes. Le principe de discrimination et d’égalité est un principe constitutionnel se fondant sur les articles 1 et 6 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen. Se faisant, le droit à la liberté d’expression n’est en aucun cas un passe-droit à l’expression de propos discriminatoires comme le rappelle la loi du 29 juillet 1881 à l’article 24.

Par ailleurs, ces dernières décennies, le droit civil tend doucement à prendre en considération les enjeux liés à la transidentité : c’est ainsi qu’un travail juridique est fait pour faciliter le changement d’identité. Il convient rappeler également que l’homophobie est pénalement punie sur le fondement de l’article 225-1 du Code pénal.

Nous espérons que de tels propos discriminatoires et sexistes n’auront plus lieu d’être à l’Université. Nous défendons un enseignement ouvert, inclusif et neutre pour la meilleure formation des juristes de demain.

Par ailleurs, cela fait 4 ans que les agissements du professeur sont remontés à l’administration de l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne et rien n’a été fait pour l’en empêcher.

Aujourd’hui, c’est grâce à la mobilisation des étudiant.e.s sur les réseaux sociaux que ces agissement résonnent et sont condamnés : en quelques heures, ses propos ont tourné grâce à de multiples partages.