
Boycott de la vodka ou des Jeux Olympiques : après l’adoption de plusieurs lois homophobes en Russie, les appels à réagir se multiplient ailleurs dans le monde. Mais pas sans contradictions.
Au Canada, aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne, certains bars gays ne servent plus de vodka russe. Une réaction aux récentes lois adoptées à Moscou, interdisant notamment la « propagande homosexuelle ». Le terme est si vague qu’informer des jeunes sur l’homosexualité ou simplement lutter contre l’homophobie pourrait être passible d’une amende. En juin dernier la Douma, le parlement russe, a également interdit aux couples homosexuels ou aux célibataires issus de pays autorisant le mariage homosexuel l’adoption d’enfants russes.
Pour autant, le boycott des boissons russes n’est pas forcément la solution. Le militant gay Nikolai Alekseev est très sceptique : « Quel est le but de ce boycott ? », s’interroge-t-il. « Les producteurs, même s’ils font faillite à cause de ça, ce qui est improbable, ne pourront pas influencer la politique russe, le président Poutine ou les décisions de la Douma. »
Pour lui il faut viser directement les auteurs de ces lois : « Trois ou quatre personnes interdites de visa pour l’Union Européenne, les États-Unis, le Royaume-Uni et plusieurs autres pays dissuaderont les autres politiciens de suivre ce chemin. » Il encourage les militants à « [mettre] la pression sur [leurs] gouvernements pour interdire de visa d’entrée les auteurs de ces lois. » « Ils vont souffrir et les autres y penseront à deux fois » commente-t-il. « Rien d’autre ne marchera ! » (...)
Les Jeux Olympiques de 2014, à Sotchi, pourraient aussi être une occasion de dénoncer ces lois. La Human Rights Campaign (HRC, la Campagne pour les Droits de l’Homme) a déjà demandé aux chaînes de télévision de ne pas diffuser la cérémonie d’inauguration. NBC ne compte pas se conformer à cette requête, mais a promis de « ne pas taire la question gay ».
Des voix se sont également élevées, dont celle de la journaliste et écrivaine canadienne Anne Morris-Dadson, pour demander le boycott des JO eux-mêmes. A l’inverse, certains athlètes homosexuels comptent bien s’y montrer. (...)
L’association All Out a lancé une pétition, qui sera remise au Comité International Olympique, pour que les organisateurs fassent pression sur la Russie. (...)