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France Culture
Idéologie et université : déni ou droit à la recherche ?
Article mis en ligne le 16 novembre 2020

Depuis les déclarations du ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer, le monde universitaire se déchire. Les idéologies racialistes, décoloniales ou intersectionnelles représentent-elles un véritable danger pour la laïcité ?

Les tensions au sein de l’université autour des thèses dites "décoloniales" ne sont pas neuves. On les a vues à l’œuvre lors de la tentative d’interdiction de la pièce d’Eschyle Les suppliantes à la Sorbonne en mars 2019 dont cette émission s’était d’ailleurs fait l’écho. Mais le débat est devenu brûlant depuis l’assassinat de Samuel Paty le 16 octobre dernier, et surtout depuis les déclarations du ministre de l’enseignement Jean-Michel Blanquer qui ont suivi. Quelques jours après le meurtre en effet, le ministre a fustigé sur Europe 1, dans le JDD au Sénat "l’islamo-gauchisme", "les thèses inter-sectionnelles" et certains secteurs des sciences sociales très présents au sein de l’université et qui, selon lui, y feraient des ravages, et dont la vision du monde convergerait avec celle des islamistes.

Ces déclarations ont tout de suite suscité une réaction indignée de la Conférence des présidents d’université (CPU), selon laquelle : _"_la recherche n’est pas responsable des maux de la société, elle les analyse". Depuis, du texte du philosophe Edouard Mehl dénonçant la volonté du gouvernement de placer la recherche "sous une tutelle politico-administrative" au collectif Vigilances Université dénonçant au contraire la passivité des administrations face à la prégnance de la propagande, pétitions, contre-pétition et réactions indignées se suivent dans la presse à un rythme il faut bien le dire assez rare, même pour un milieu de gauche habitué à réagir. Deux pétitions en particulier ont lancé le débat, le manifeste des 100, publié dans Le Monde le 28 octobre, écrit en soutien à Blanquer, et, dans le même journal quelques jours plus tard, un texte écrit en réponse intitulé "pour un savoir critique et émancipateur dans la recherche", signé par près de 2000 universitaires. Maintenant que le sang coule, le débat universitaire atteint-il son point de rupture ?

A l’origine des pétitions

Jean-François Braunstein, Ludivine Bantigny et Nedjib Sidi Moussa reviennent sur ce débat qui secoue l’université et évoquent les principes de l’enseignement supérieur.