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Basta !
« Il n’y a pas d’autre alternative que celle-ci : hospitalité et droit d’asile, ou barbarie ! »
Article mis en ligne le 11 mars 2016

Les guerres du Moyen-Orient et de Syrie jettent des populations entières dans un exode périlleux qui vient frapper aux portes de l’Europe. Face aux replis nationaux, des États comme l’Allemagne, la Grèce et le Portugal montrent la voie de l’accueil. « Deux Europe totalement incompatibles sont ainsi face à face, entre lesquelles il faut désormais choisir », soulignent les auteurs d’une pétition pour lesquels l’accueil des réfugiés en Europe est « une nécessité morale et politique urgente ». Respecter aujourd’hui le droit d’asile, c’est aussi recréer les conditions d’une pacification et d’une vraie sécurité collective demain. Voici leurs propositions de mesures d’urgence à mettre en place.

Nous citoyens des pays membres de l’Union Européenne, de la zone Schengen, des Balkans et de la Méditerranée, du Moyen-Orient ainsi que d’autres régions du monde qui partagent nos préoccupations, lançons un appel d’urgence à nos concitoyens, à nos gouvernants et à nos représentants dans les assemblées parlementaires nationales et au Parlement Européen, ainsi qu’a la Cour Européenne des Droits de l’Homme et au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés :

Il faut sauver et accueillir les réfugiés du Moyen-Orient !

Depuis des années, les migrants du Sud de la Méditerranée fuyant la misère, la guerre et la répression se noient en mer ou se fracassent contre les grillages. Quand ils réussissent à traverser, après avoir été rançonnés par des filières de trafiquants, ils sont refoulés, incarcérés ou rejetés dans la clandestinité par des États qui les désignent comme des « dangers » et comme des « ennemis ». Et pourtant, courageusement, ils s’obstinent et s’entraident pour sauver leurs vies et retrouver un avenir.

Mais depuis que les guerres du Moyen-Orient et surtout de Syrie ont pris les proportions d’un massacre de masse sans fin prévisible, la situation a changé de dimension. Prises en otage entre les belligérants, bombardées, affamées, terrorisées, des populations entières sont jetées dans un exode périlleux qui, au prix de milliers de morts supplémentaires, précipite hommes, femmes et enfants vers les pays voisins et vient frapper aux portes de l’Europe.

Il s’agit d’une grande catastrophe humanitaire.

Elle nous place devant une responsabilité historique à laquelle il n’y a pas d’échappatoire. (...)

Par contraste, ce sont les simples citoyens d’Europe et d’ailleurs : pêcheurs et habitants de Lampedusa et de Lesbos, militants des associations de secours aux réfugiés et des réseaux de soutien aux migrants, foyers d’hébergement laïques ou religieux, relayés par des artistes et des intellectuels, qui ont sauvé l’honneur et montré la voie d’une solution. Ils se heurtent cependant à l’insuffisance des moyens, à l’hostilité parfois violente des pouvoirs publics, et doivent faire face, comme les réfugiés et les migrants eux-mêmes, au développement rapide d’un front européen de la xénophobie, allant d’organisations violentes, ouvertement racistes ou néo-fascistes, jusqu’à des leaders politiques « respectables » et des gouvernements de plus en plus gagnés par l’autoritarisme, le nationalisme et la démagogie.

Deux Europe totalement incompatibles sont ainsi face à face, entre lesquelles il faut désormais choisir. (...)

Cette tendance xénophobe à la fois meurtrière pour les étrangers et ruineuse pour l’avenir du continent européen comme terre de liberté doit s’inverser immédiatement. Alors qu’il y a dans le monde 60 millions de réfugiés, le Liban et la Jordanie en accueillent un million chacun (respectivement 20 % et 12 % de leurs populations), la Turquie 2 millions (3 %). Le million de réfugiés arrivé en 2015 en Europe (l’une des plus riches régions du monde, en dépit de la crise) ne représentent que 0,2 % de sa population !

Non seulement les pays européens, pris ensemble, ont les moyens d’accueillir les réfugiés et de les traiter dignement, mais ils doivent le faire pour continuer à se réclamer des droits de l’homme en tant que fondement de leur constitution politique. (...)

Nul ne peut dire quand et dans quelle proportion les réfugiés retourneront « chez eux », et nul ne doit sous-estimer la difficulté du problème à résoudre, les résistances qu’il engendre, les obstacles voire les risques qu’il comporte. Mais nul ne peut ignorer non plus la volonté d’accueil des populations et la volonté d’intégration des réfugiés. Nul n’a le droit de déclarer le problème insoluble pour mieux s’y dérober.

Des mesures d’urgence de très grande ampleur s’imposent donc immédiatement. (...)

Le devoir d’assistance aux réfugiés du Moyen Orient et d’Afrique dans le cadre d’une situation d’exception doit être proclamé et mis en œuvre par les instances dirigeantes de l’UE et relayé par tous les pays membres. Il doit être consacré par les Nations-Unies et faire l’objet d’une concertation permanente avec les États démocratiques de toute la région.

Des forces civiles et militaires doivent être engagées, non pour mener une guérilla maritime contre les « passeurs », mais pour porter secours aux migrants et arrêter le scandale des noyades en mer. (...)

Il n’y a pas d’autre alternative que celle-ci : hospitalité et droit d’asile, ou barbarie !