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Ils défendaient la forêt, ils ont été assassinés. A Lima, leurs femmes témoignent
En dix ans, 900 défenseurs de l’environnement ont été assassinés
Article mis en ligne le 6 décembre 2014

En septembre, Edwin Chota, Jorge Rios, Leoncio Quintisima et Francisco Pinedo, quatre leaders indigènes Ashaninka, au Pérou, ont été assassinés parce qu’ils se battaient contre la déforestation illégale de l’Amazonie. Rencontre avec leurs veuves, venues à Lima pour témoigner et réclamer justice.

L’arrivée à la COP20 des familles des quatre leaders indigènes Ashaninka assassinés en septembre dans la région Ucayali, au Pérou, à la frontière avec le Brésil, rappelle que, partout dans le monde, les défenseurs des droits et de l’environnement subissent menaces et persécutions.

En choisissant de lancer leur appel aux dirigeants réunis à Lima pour décider de l’avenir du climat, ces femmes montrent qu’un accord juste et équitable ne pourra se faire sans prendre en compte les communautés affectées par le pouvoir des multinationales.(...)

Elles sont veuves ou fille des quatre leaders de la communauté assasinés en septembre, Edwin Chota, Jorge Rios, Leoncio Quintisima et Francisco Pinedo. Ceux-ci avaient à plusieurs reprises alerté les autorités sur l’insécurité régnant dans la zone, due à l’isolement et à la présence d’entreprises pratiquant l’exploitation illégale du bois. Ils ont disparu début septembre, et seuls deux des corps ont été retrouvés à ce jour.(...)

« Les exploitants illégaux d’arbres ne s’intéressent qu’aux arbres, ils ne respectent pas les droits des indigènes. Nos vies sont menacées. Je ne veux pas que cela se reproduise. Il y a eu des morts, il y en aura encore. L’État ne nous protège pas », nous dit Diana, la fille de Jorge Rios.

L’insuffisance des mesures de protection, des droits fonciers flous et la négligence de l’État péruvien à prendre les mesures nécessaires pour faire reconnaître ces droits et combattre l’exploitation illégale du bois ont conduit à l’augmentation de la déforestation et à la fragilisation de ces communautés, dont les ressources proviennent précisément de leur gestion soutenable de la nature.(...)

« Nous ne sommes pas là seulement pour demander que justice soit faite pour nos époux et que nous puissions vivre en paix chez nous. Nous sommes là pour réclamer notre droit à protéger nos terres. » Il leur a fallu six jours de bateau pour atteindre la première ville depuis leur communauté – alors qu’il suffit de quelques heures pour rejoindre la COP depuis Paris. Leur motivation ?Continuer le combat pour que les droits des communautés, et notamment leur rôle dans la protection de leur environnement, soient reconnus.

« Il faut que l’on reconnaisse que nous sommes les gardiens de la forêt. Que lorsque l’on demande de la protection, ça n’est pas seulement pour nos vies, mais pour celle de la planète, pour l’environnement de tous », explique Diana. Et Julia d’illustrer ironiquement : « Ici, vous avez votre air artificiel, mais le nôtre est naturel. Tout le monde parle du changement climatique, mais qui pollue ? Les entreprises qui détruisent les arbres ! »(...)

Un grand nombre d’organisations, syndicats et associations, ont exprimé leur soutien à la commuauté Ashaninka vendredi 5 décembre au sein de la COP(...)

Pour Jagoda Munic, présidente des Amis de la Terre International, « la violence contre les défenseurs de l’environnement ne sort pas de nulle part. Le modèle extractiviste néolibéral, qui place les intérêts privés avant les droits des peuples et de la nature, génère les conditions permettant ces actes de violence. Les Amis de la Terre expriment ainsi toute leur solidarité avec les quatre leaders péruviens qui ont été tués, et continueront à faire le lien entre la défense des droits de l’homme et la défense de l’environnement. »