Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Bondy Blog
Ils sont 7 pour accueillir 800 mineurs isolés : les agents de la CAMNA 93 en grève
Article mis en ligne le 26 avril 2019

Six mois après sa création, la cellule d’accompagnement des mineurs non accompagnés (CAMNA) de Bobigny est en grève. Manque criant d’effectifs, burn-out, cette situation intenable menace la mission première de cette structure : la protection de jeunes isolés. En face, le département promet du renfort et l’État brille par son absence.

Mise à jour, 14h45 : La grève des agents de la CAMNA a été levée en début d’après-midi. Dans un communiqué, le syndicat FSU se félicite des engagements pris par le conseil départemental, parmi lesquels le recrutement de sept éducateurs, une infirmière et quatre agents administratifs, le renforcement du suivi psychologique des mineurs, la location de bureaux supplémentaires et le versement d’une prime exceptionnelle. (...)

En service depuis septembre dernier, la CAMNA est devenue le lieu unique de prise charge de ces jeunes qui étaient auparavant accompagnés par les différents bureaux de l’aide sociale à l’enfance (ASE) du département. Dans le circuit d’accueil d’un mineur étranger, le rôle de cette cellule arrive après que le juge des enfants a reconnu la minorité de ce dernier et qu’il délivre en conséquence une ordonnance de placement provisoire. À ce moment-là, la CAMNA se charge de loger le mineur et de lui apporter un suivi dans ses démarches administratives au quotidien.

En tout cas, en théorie… (...)

Les travailleurs sociaux font face à l’incompréhension et à la détresse des jeunes qui attendent devant les locaux, ce qui provoque des situations extrêmement tendues. « Il faut tenir compte de l’arrivée de ces jeunes sur le territoire français. Ce qu’ils ont vécu pendant toute leur traversée, nous on ne le sait pas. Il y a ceux qui arrivent à dire les choses, mais s’il n’y a personne pour les accompagner à un moment, ils craquent et ça retombe, en gros, sur les travailleurs sociaux », déplore Henry-Cecyl Coezy qui a lui-même été pris à partie par des jeunes. (...)

Si ces revendications s’adressent logiquement au conseil départemental qui est leur employeur, il est évident que la question de l’accueil des migrants excède la compétence des départements. Comme le constate Julien Fonte, « on est au croisement de deux crises : une crise de la protection de l’enfance, une crise de l’accueil des migrants ». Avec ses moyens, le département tente d’apporter des solutions mais pour Stéphane Troussel, « cette situation est le résultat du fait que la Seine-Saint-Denis assume largement la solidarité nationale ». (...)

Le président du conseil départemental a bien alerté les ministres concernés mais sans grand succès. « La prise en charge par l’État ne suit pas et le président de la République vient faire de grands discours sur la solidarité nationale », enrage l’élu. De fait, les justifications du gouvernement sont parfois difficiles à suivre. (...)

Mais ce n’est pas tout, pour soutenir les départements, le gouvernement a introduit, dans la loi asile-immigration, un article qualifié de « scélérat » par Stéphane Troussel qui a refusé, comme la maire de Paris, d’appliquer le décret. Celui-ci prévoit la création d’un fichier des mineurs isolés étrangers centralisant les différentes évaluations qui auraient pu être faites de l’âge d’un même mineur par différents départements auprès desquels il aurait déposé un dossier de régularisation. Ce fichier vise clairement à lutter contre l’entrée et le séjour irréguliers des étrangers en débusquant les faux mineurs.

Sans compter le fait que les procédures d’évaluation sont largement critiquées pour leur imprécision et leur application hétérogène selon les territoires. Les tests osseux sont au cœur de cette polémique. (...)

Le président du Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti) Jean-François Martini, dans Le Monde, explique en outre que « les taux de refus varient de un à dix, selon les départements ». Et Stéphane Troussel de rappeler que « ce n’est pas aux départements de se transformer en supplétifs du ministère de l’Intérieur ».

Le président du conseil départemental espère toutefois que la création du secrétariat d’État à la protection de l’enfance apportera quelques réponses avant l’été. Une perspective lointaine et incertaine, tant pour ces jeunes que pour les agents de la CAMNA.