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Ils sont anarchistes, autogérés, et ils font du très bon pain
Article mis en ligne le 21 octobre 2013
dernière modification le 17 octobre 2013

A Montreuil, près de Paris, les boulangers de La conquête du pain font le bonheur du quartier avec des baguettes délicieuses... et mettent en pratique les idées libertaires.

(...) On voudrait tout simplement acheter une baguette, mais des détails étonnants amusent le regard. Comme ce tableau listant les sandwichs proposés, qui invitent à choisir entre le Bakounine (bacon mayonnaise), l’Angela Davis (poulet mayonnaise salade), ou le Louise Michel (chèvre pesto). Un petit comptoir longe le mur, où l’on peut se servir un café d’une thermos, et lire les tracts et revues proposées, en commençant par Le Monde libertaire. Près de la vitrine, un canapé recouvert d’un drap blanc invite à la pause. On pourrait s’y poser, et se rappeler que Pierre Kropotkine, un des grands penseurs anarchistes du XIXe siècle, a écrit La conquête du pain, parmi de nombreux autres livres, dont L’entraide reste fondamental. (...)

Mais on est bien dans une boulangerie, et la chaleur qui monte du sous-sol, où se trouve le four à pain, en témoigne tout autant que la fine odeur de farine. « Les gens ne viennent pas parce qu’on est autogérés et anachistes, mais parce que le pain est bon, dit Pierre Pavin. Le reste, ça les amuse ». Mais cette boulangerie n’existerait pas si Pierre et ses camarades n’étaient pas anarchistes. (...)

Le tarif social a été lancé en octobre 2012 : 75 centimes la baguette pour ceux qui le demandent, au lieu d’un euro. « On le fait sans justificatif de ressources, on veut faire confiance. On refuse cette idéologie qui fait des pauvres des profiteurs ». Les boulangers anarchistes organisent aussi des repas de quartier à la Cité Jules Ferry ou fournissent du pain aux travailleurs en grève, par exemple à PSA Aulnay, ou à la raffinerie de Grandpuits, l’an dernier.

Et en interne, on pratique la démocratie. Toutes et tous sont payés 1350 € nets sur douze mois. Une assemblée générale a lieu tous les quinze jours. Les décisions se prennent au consensus - « il nous est arrivé de voter, mais pas sur des sujets importants ». Le gros problème du moment, c’est la discussion sur le temps de travail : les boulangers travaillent tôt le matin, mais moins d’heures que ceux qui sont en magasin. Quant au livreur, il est souvent appelé à n’importe quel moment. Il faut trouver l’accommodement juste pour tout le monde. (...)