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Immense victoire contre l’impunité !
/Amnesty international
Article mis en ligne le 10 juin 2021

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Ratko Mladić, ancien commandant de l’Armée des Serbes de Bosnie (2020)

Le troisième architecte de l’épuration ethnique

L’ancien chef militaire est considéré comme le troisième architecte de l’épuration ethnique durant un conflit intercommunautaire (1992-95) qui a fait plus de 100 000 morts et 2,2 millions de déplacés.

Depuis Belgrade, le président Slobodan Milosevic, mort à 64 ans en détention en 2006, enflammait les Balkans avec sa rhétorique « grand serbe » tout en manœuvrant avec la communauté internationale ; dans sa « capitale » de Pale, le psychiatre Radovan Karadzic, 72 ans, idéologue des Serbes de Bosnie, condamné en 2016 à 40 ans de détention, déversait sa propagande fanatique.

Ratko Mladić, 78 ans, était le bras armé de ces deux tyrans.

Son souci n’était pas que les musulmans pourraient créer un État, son souci était de les faire entièrement disparaître

Né à Bozanovici, un petit village de paysans pauvres du sud de la Bosnie, il devient très tôt orphelin d’un partisan tué par les Croates oustachis pronazis. Une mort qui va le motiver Mladic à intégrer l’armée yougoslave.

Quand la guerre éclate, après avoir combattu les Croates, il est vite transféré à Sarajevo, soumise à un interminable siège de près de quatre ans. Plus de 10 000 habitants, dont environ 1 500 enfants, seront tués par les balles des snipers ou les obus qui pleuvaient des hauteurs tenues par les forces de Mladic. (...)

« Sa guerre était une guerre de lâche », écrit le journaliste britannique Tim Judah, dans son ouvrage The Serbs. Pour quelques vrais combats, il a surtout chassé « des centaines de milliers de gens non armés de leurs foyers. »

A l’origine du suicide de sa fille ?

En 1994, sa fille Ana s’était suicidée. Pour beaucoup, cette étudiante en médecine ne supportait plus le poids des crimes imputés à son père, thèse réfutée par sa famille. Un an plus tard, c’est le massacre de Srebrenica, le pire en Europe depuis la Deuxième guerre mondiale, acte de génocide selon la justice internationale.

Sur des images d’époque, on voit Ratko Mladić s’adresser à des civils, femmes et vieillards, après la prise de l’enclave musulmane par ses troupes en juillet 1995. « N’ayez pas peur. Doucement, doucement, laissez les femmes et les enfants partir d’abord », leur dit-il. On le voit tapoter la joue d’un petit Bosniaque, paternel.

D’autres images le montrent martial dans Srebrenica, se félicitant de cette « revanche contre les Turcs ». Dans les alentours, en quelques jours, ses hommes ont assassiné plus de 8 000 hommes et adolescents bosniaques qui fuyaient.

Après l’accord de paix de Dayton qui fait taire les armes, Mladic reste en Bosnie, à l’abri dans son repaire de Han Pijesak, base à moitié enterrée dans une forêt de pins de l’est du pays.

Chassé du pouvoir en 2000 (...)