
La police aux frontières s’alarme de l’arrivée massive de clandestins en France via la fontière italienne. Pour Henri Labayle, l’Europe a les moyens de faire face à condition de faire preuve de davantage de solidarité et de renforcer l’espace Schengen.
(...) Henri Labayle : La pression migratoire en provenance de l’Erythrée reflète les drames quotidiens de l’immigration. Depuis plus d’un quart de siècle et la séparation brutale avec l’Ethiopie, des centaines de milliers de personnes essaient de fuir par tous les moyens, ce petit pays de la Corne de l’Afrique, gouverné d’une main de fer par un régime parfois présenté comme la « Corée du Nord » africaine. Les pays voisins tels que l’Ethiopie ou le Soudan comptent ainsi des dizaines de milliers de réfugiés assistés par le Haut Commissariat aux réfugiés des Nations Unies. Il faut le savoir, le sort de ces malheureux exilés entre les mains des mafias libyennes ou égyptiennes est abominable, dans notre indifférence générale bien sûr...
Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que les érythréens fassent très souvent partie des candidats à l’entrée illégale en Europe, tentant au péril de leur vie la traversée maritime de la Méditerranée. Ils aboutissent ainsi sur les cotes italiennes et notamment à Lampedusa. Leur nombre a été quadruplé cette année (...)
Au coeur de ce phénomène, un Etat, ou plus exactement, l’absence d’un Etat, la Lybie, occupe une place centrale. Elle n’est ni capable de gérer ses frontières ni à même de punir les passeurs et autres mafias qui organisent précisément ces trafics d’êtres humains ... (...)
Regarder une carte de la déstabilisation des Etats africains, de la Mauritanie au Soudan est en soi une explication de la crise migratoire en provenance du Sud. Aussi, raisonner, comme on l’entend parfois, sur le registre « c’était mieux avant » est profondément ridicule. (...)
multiples conflits et situations de violence qui, de la Syrie à la Corne de l’Afrique jettent sur la route par milliers des candidats à la survie. (...)
A cela, bien sûr, nous devons ajouter nos propres insuffisances et défaillances, à commencer par celles de l’Union européenne et de ses membres. L’égoïsme de ceux ci est une première explication, dans ce que le pape François appelle justement la « mondialisation de l’indifférence ». Les nouveaux Etats membres de l’UE, où nul n’a vraiment le désir d’aller ou de demander l’asile, mais aussi ceux du Nord, attendent des Etats placés au contact de la pression (Malte, la Grèce, l’Italie, l’Espagne) des comportements efficaces. Ils se gardent bien de partager les charges et d’y prêter la main. Ce à quoi, ces derniers répondent en exigeant davantage de moyens ou de soutiens financiers. (...)