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Incendies d’immeubles à Paris : feu la justice ?
Article mis en ligne le 29 avril 2011

Le récent incendie dans le quartier de Ménilmontant (Paris) survient six ans après celui de l’hôtel Paris-Opéra, qui avait fait 25 morts. Et un mois après le procès sur l’incendie du boulevard Vincent-Auriol, brusquement interrompu. Aujourd’hui, des dizaines de familles, qui ont tout perdu – à commencer par leurs proches – attendent toujours réparation. Mais pour ces familles souvent modestes et d’origine étrangère, vivant dans ces logements insalubres, la justice ne semble pas pressée.

Samedi 16 avril, l’Association des victimes de l’incendie de l’hôtel Paris-Opéra (AVIHPO) appelait à un rassemblement. Chaque année, depuis le drame de 2005, les proches des victimes suivent le même rituel : des couronnes de fleurs sont déposées au pied du bâtiment dans lequel ils ont perdu les leurs, tandis que les enfants rescapés brandissent des roses blanches. Ils sont soutenu par des associations comme le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP), le Droit au logement (DAL), ou encore l’Association des familles victimes du saturnisme (AFVS). Le mot d’ordre de cette sixième commémoration est clair : « Que justice soit rendue ! » Car à l’heure actuelle, les familles attendent toujours l’ouverture du procès censé établir les responsabilités dans cette affaire. (...)

« Nous respectons la justice. Celle avec un grand J. Mais nous refusons la petite justice, comme celle mise en œuvre pour le procès de l’incendie du boulevard Vincent-Auriol », s’enflamme Aomar Ikhlef, vice-président et porte-parole de l’AVIHPO. (...)

En parlant de « petite justice », Aomar Ikhlef fait référence au procès de l’incendie du boulevard Vincent Auriol, qui s’est tenu les 6 et 7 mars derniers. Deux demi-journées étaient prévues pour ce procès. 46 proches des défunts se sont portés partie civile face à la Freha, bailleur social pour le compte d’Emmaüs et gestionnaire de l’immeuble, ainsi que la société Paris Banlieue Construction, chargée des travaux d’entretien dudit bâtiment. Tous deux étant sur le banc des accusés pour « homicides et blessures involontaires ». Mais au terme de ces deux jours, le procès a finalement été... reporté ! (...)


Des micros défaillants, une salle trop petite pour accueillir le public, et l’absence totale de temps de parole pour les familles des victimes ont provoqué la colère de ces dernières et de leurs soutiens. Face à l’embrasement de la salle, la juge a finalement décidé d’interrompre la procédure. Et renvoyé au 5 mai prochain une audience, afin de fixer la date d’un prochain procès qui ne devrait pas avoir lieu avant fin 2011.
(...)

Martine Doucouré, militante du MRAP et proche des familles, était présente. Elle se dit « scandalisée » par ce qu’elle a vu : « Par rapport à la teneur du drame et au nombre de victimes, deux demi-journées pour une telle affaire, c’est court. Ce n’est quand-même pas un incendie anodin et sans conséquence, 17 morts, dont 14 enfants ! ». Le procès n’est réservé qu’à la lecture d’un rapport technique sur les événements. « Personne n’y comprend rien. Et surtout, c’était à peine audible. » (...)

« On nous a changé de salle le deuxième jour, mais c’était encore pire. Toujours ces problèmes de micros. On est allé voir les avocats, pour qu’ils arrêtent cette mascarade. La présidente a malgré tout voulu continuer. On a rétorqué que ce n’était pas possible. Elle a finalement baissé les armes. » (...)

« Pour les proches des victimes, aucune prise de parole n’était organisée. Rien. Ce qui paraît aberrant. Ils ont quand même des choses à dire », explique Martine Doucouré. Pour elle, la mémoire des victimes a de nouveau été bafouée au milieu de toute cette procédure : « Ils ont vécu quatorze ans dans cet immeuble, dans des conditions lamentables. La justice doit les écouter. Même si ça ne fera pas revenir leurs défunts, qu’on les laisse s’exprimer. Ne serait-ce que par respect pour les victimes. »(...)
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