En Inde, le viol et le meurtre de deux adolescentes alors qu’elles se rendaient aux champs pour se soulager, met en lumière le problème d’infrastructure d’un pays où la violence faite aux femmes fait régulièrement les gros titres.
"Je n’ai pas peur en général de la campagne, de la forêt, des serpents ou des animaux sauvages. Mais je me sens nerveuse lorsque je vais aux champs pour me soulager. Je veux que le gouvernement nous construise des toilettes dans le village, je veux au moins ça ». À l’origine de ce signal d’alarme repris par l’AFP, une proche des deux victimes de 12 et 14 ans retrouvées pendues à un manguier, à Katrashadatganj, un village pauvre de l’Uttar Pradesh (dans le nord de l’Inde). Les deux cousines, des intouchables, soit la caste la plus basse du pays, se rendaient dans un champ pour aller faire leurs besoins, dans l’obscurité. Elles ont alors été violées, puis pendues par leurs agresseurs. (...)
Un an et demi après le viol en réunion d’une étudiante de la classe moyenne à Delhi, qui avait succombé à ses blessures, l’histoire fait la une des journaux indiens comme internationaux. Sur le terrain, la colère gronde. Plus encore depuis que les pères des deux filles ont déclaré que la police locale avait refusé d’aider à trouver les coupables en raison de l’appartenance des victimes à une basse caste. « La sécurité a toujours été un problème », déclare d’ailleurs la tante d’une des deux victimes à l’AFP. « Les hommes, surtout ceux qui appartiennent à une classe plus élevés, nous observent et nous insultent ».
Comme un arrière goût de lutte des classes ou des castes donc, mais pas seulement. Les deux victimes ont été agressées alors qu’elles se rendaient dans un champ pour aller aux toilettes, à la nuit tombée. Faute de latrines dans de nombreux villages indiens, les habitantes se soulagent à l’extérieur, et, par pudeur, attendent souvent la tombée de la nuit pour aller aux champs, loin des maisons. « C’est le moment où une femme se sent le plus vulnérable et penser que des femmes doivent prendre de tels risques juste pour aller aux toilettes est choquant », déclare à l’AFP Carolyne Wheeler, qui travaille pour l’ONG WaterAid.
Les toilettes d’abord, les temples après
L’accès aux toilettes est loin d’être un problème exclusivement indien et les Nations unies en ont même fait une journée internationale. L’Unicef estime toutefois que près de 594 millions d’Indiens, soit presque la moitié de la population, doivent aller dans la nature. (...)