Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Reporterre
Indépendantes et écologiques, ces femmes construisent leurs propres maisons
Article mis en ligne le 27 mars 2022
dernière modification le 26 mars 2022

Les maisons mobiles fleurissent dans la Drôme grâce aux femmes. Dans un hangar près de Valence, elles construisent leur propre habitat sur roues, motivées par des envies d’indépendance et écologiques.

(...) C’est ici, à quelques kilomètres de Valence, que la fondatrice et coprésidente de l’association Tinyland compte organiser prochainement des formations destinées à toutes celles et ceux qui voudraient se lancer dans l’autoconstruction de tiny house, ces maisons légères et sur roues qui ont le vent en poupe en France depuis quelques années. Et dans son association, sur les huit constructeurs actuellement aidés bénévolement, la moitié sont des femmes.

Dans le hangar de Tinyland, l’une scie, celle-là coupe du bois, d’autres amènent des planches. Toutes ont pour but de faire elles-mêmes leur propre maison mobile. (...)

Si les métiers de la construction sont très largement masculins, le milieu de l’autoconstruction est une domaine plus ouvert aux femmes. Isolation, fenêtres, toitures, ergonomie... tout, absolument tout, est ici conçu de A à Z par ces non professionnelles, pour un prix moyen de la maison finie allant de 20 000 à 30 000 euros. (...)

L’autoconstruction, une façon pour les femmes de reprendre la maîtrise de leur vie ? Si la méthode ne règle pas le problème de fond sur l’inégalité dans l’accès à la propriété, elle permet, selon Bérangère, l’une des constructrices, de lever bien des barrières psychologiques. Elle en prend pour preuve ce qu’elle a vécu.

Au départ, elle ne se sentait pas capable de construire en autonomie sa maison. Passer par un chantier participatif était rassurant. Huit femmes ont répondu à l’appel lancé via la plateforme d’entraide Twiza. Avec la rémunération de deux conseillers techniques pour la conception, le projet devait être plié en quatre mois. Au bout de huit jours, le premier confinement a contrecarré ses plans. « J’ai dû terminer la maison pratiquement toute seule, conclut-elle. Même si j’ai eu des coups de main, je restais la cheffe de mon chantier. Ça a été une leçon de vie pendant treize mois. Quand j’ai fini la tiny house, je me suis dit : “Si je peux faire ça, je peux entreprendre tout ce que je veux !” » (...)

En réalisant à quel point l’expérience avait pu être émancipatrice pour les huit bénévoles, elle a réfléchi à l’organisation de chantiers participatifs entièrement féminins qui auraient une vocation thérapeutique. (...)

Un logement à soi, accessible rapidement

En cette période d’incertitude liée à la crise sanitaire et à la guerre contre l’Ukraine, la nécessité de diminuer sa consommation est partagée par l’ensemble des personnes passées par le hangar. Avec, en moyenne, moins de 100 euros de charges par mois, autoconstruire son habitat sobre et peu énergivore est un moyen de gagner en autonomie et en liberté. (...)

Beaucoup moins questionnée et médiatisée que la hausse des inégalités de patrimoine entre ménages, la croissance de l’écart de richesse entre les hommes et les femmes est pourtant régulière. Il est passé de 9 % en 1998, à 16 % en 2015 (...)

Vivre dans une maison légère, dont l’installation est tout de même suspendue à l’ouverture d’esprit des mairies, est « une liberté », selon Nathalie. C’est une maison à elles, qui ne les réduit pas à leur genre de femme, comme peuvent le faire une maison ou un appartement classiques. « Je peux me consacrer à des activités artistiques ou culturelles qui ont un sens pour moi », répond immédiatement Nathalie (...)

Moins de biens, plus de liens

Autre volonté partagée par ces femmes : mettre en adéquation leurs valeurs écologiques avec leur mode de vie. Avant de fabriquer sur mesure leur future maison, les autoconstructeurs sont obligés de passer en revue leurs besoins réels. Autrement dit, un gros tri s’impose. (...)

C’est l’objectif premier, ne pas dépasser le poids réglementaire, soit 3,5 tonnes pour pouvoir la bouger à l’envie. (...)

Construire une maison écologique, c’est aussi se rendre compte de l’impact de celle-ci sur l’environnement. (...)

La bienveillance et l’entraide sont fondamentales pour ces défenseuses de l’habitat alternatif. C’est ce qui a permis à Nathalie de « se reconstruire » en même temps qu’elle a façonné sa maison. (...)