
La dernière livraison de l’enquête « revenus et patrimoines des ménages » de l’INSEE1 est particulièrement instructive. Dressant l’état des lieux des inégalités et revenant sur leur évolution à l’aune des politiques publiques, elle livre des données datant de 2018. Celles-ci corroborent les analyses d’Attac2 selon lesquelles la fiscalité ne joue pas le rôle redistributif qui devrait être le sien. Ce sont bien les prestations sociales et les services publics, financés par les ressources sociales et les impôts, qui joue un rôle redistributif important et qui permettent de réduire les inégalités.
Nous reviendrons sur les principaux enseignements des travaux de l’INSEE (1) que nous mettrons en regard des analyses et des propositions d’Attac tournées vers une véritable redistribution fiscale et sociale (2). (...)
1/ Panorama des travaux de l’INSEE
Des inégalités de revenus et de niveaux de vie en hausse
Les données livrées sont instructives. L’INSEE constate qu’en 2018, en France métropolitaine, la moitié de la population a un niveau de vie[Le niveau de vie est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation (UC).] inférieur à 1 771 euros par mois (21 250 euros par an). Si ce niveau de vie médian est légèrement plus élevé qu’en 2008 (de 1%), le niveau de vie plafond des 10 % les plus modestes reste cependant inférieur à celui de 2008, notamment du fait de la hausse du nombre de chômeurs chez les plus modestes. Cette baisse des revenus des 10 % les plus pauvres contraste avec la hausse des revenus des 10 % les plus riches avant redistribution. Enfin, en 2018, le taux de pauvreté se situe à 14,8 %, soit 9,3 millions de personnes, 10 millions en prenant en compte les personnes non comptabilisées (sans abris, SDF).
(...) L’INSEE précise que « La part des niveaux de vie avant redistribution détenue par les 10 % les plus aisés est passée de 27,9 % à 28,8 % entre 2008 et 2018. La hausse est exclusivement portée par les 1 % les plus aisés depuis 2013 ».
Cette hausse des très hauts revenus déclarés (elle serait supérieure si l’ensemble des revenus et des patrimoines, logés à l’étranger notamment, était connue des services fiscaux et statistiques) est notamment liée au dynamisme des revenus du patrimoine, en particulier des valeurs mobilières. Ceci rejoint la tendance à la hausse en matière de distribution de dividendes observée en 2018
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La baisse de la masse des niveaux de vie avant redistribution des 20 % les plus modestes est de 7,9 % entre 2008 et 2018, elle est surtout liée à la hausse de la précarité et du chômage (...) Au surplus, la composition des revenus évolue : la part des revenus salariaux ne représente ainsi qu’un tiers des revenus des plus aisés. (...)
La structure du système de prélèvements ne joue pas un rôle positif en matière de réduction des inégalités. (...)
En réalité, la réduction des inégalités est le fait de la redistribution dite « sociale ». Les transferts en nature (éducation, santé et logement) y contribuent pour 50 %, les prestations sociales monétaires pour 23 %, les dépenses de consommation collective pour 16 % et les retraites pour 10 %.
Si l’on s’attache à la pauvreté proprement dite, le rôle positif de cette redistribution sociale est particulièrement visible
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