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Observatoire des inégalités
Inégalités : pourquoi le modèle social français marche mal
Article mis en ligne le 30 avril 2016
dernière modification le 26 avril 2016

Selon les chiffres de l’OCDE, la France se caractérise par un niveau d’inégalités de revenus relativement limité et stable dans un contexte où celles-ci s’accroissent rapidement ailleurs. Pourtant, loin de considérer cet état de fait comme un atout, la plupart des Français sont mécontents du système de redistribution qui permet d’atteindre ce résultat. Pourquoi en est-il ainsi ?

Il existe deux types de modèles sociaux qui, bien que très différents, possèdent une cohérence interne suffisante pour permettre aux sociétés qui les ont adoptés de trouver leur place dans une mondialisation et une Europe mal régulées : d’une part les modèles anglo-saxons et d’autre part les modèles scandinaves.

Dans le modèle anglosaxon, les revenus dits primaires, ceux qui résultent directement de l’activité économique, sont caractérisés par des inégalités élevées. Là-dessus se branche un Etat qui fait la police sans hésiter, consacre aussi des efforts non négligeables pour la défense et n’hésite pas non plus à intervenir activement sur le plan budgétaire pour soutenir l’activité quand celle-ci flanche. Mais il n’essaie pas vraiment de corriger les inégalités à travers un système social et fiscal de grande ampleur. Il se contente à ce niveau d’offrir un filet de sécurité minimale pour éviter que les pauvres ne tombent dans la misère. (...)

De l’autre côté on trouve les pays scandinaves. La situation y est quasiment symétrique. Les inégalités de revenus primaires sont relativement limitées. Ceux qui ont déjà fait l’expérience traumatisante d’aller boire une bière à Stockholm ou à Copenhague le savent : cela coûte très cher. Parce que la TVA y est de 25 % pour que les importations financent le système social. Mais aussi parce que le niveau de salaire d’un barman n’est pas très différent de celui d’un enseignant ou d’un cadre du secteur privé.

Sur cet éventail de revenus primaires limité, s’ajoutent des dépenses publiques très élevées. Avec notamment davantage d’emploi public qu’en France. Mais comme ces dépenses se greffent sur des revenus primaires peu inégaux, elles ont davantage un caractère de mutualisation, entre chômeurs et employés, malades et bien portants, jeunes et retraités, que de redistribution à proprement parler. Ce qui contribue à rendre ces prélèvements relativement consensuels : même quand la droite est au pouvoir, ils ne sont pas fondamentalement remis en cause. (...)

La France écartelée

La spécificité, et la faiblesse, du modèle social français est d’être écartelé entre ces deux modèles. La France est un pays beaucoup moins égalitaire qu’elle n’a tendance à le croire. (...)