
Près d’un salarié sur trois respire des fumées ou des poussières ou est en contact avec des produits dangereux pour sa santé sur son lieu de travail. Un sur dix est exposé à au moins un produit cancérogène. Ce sont d’abord les travailleurs des milieux populaires qui subissent ces nuisances. Par Valérie Schneider.
(...) Les deux tiers des ouvriers déclarent respirer des fumées ou des poussières sur leur lieu de travail contre un cadre supérieur sur dix. Cinq fois plus d’ouvriers que de cadres subissent des nuisances sonores, 52 % sont en contact avec des produits dangereux contre 13 % des cadres. Les employés sont deux fois plus nombreux que les cadres à être exposés à des risques infectieux. L’écart est encore plus important en ce qui concerne l’exposition à au moins un produit cancérogène [2] - comme l’amiante - selon le ministère du Travail [3] (données 2010) : douze fois plus d’ouvriers qualifiés que de cadres sont confrontés à ce risque environnemental.
Et encore, nous avons seulement repris des données très générales par grandes catégories socioprofessionnelles. Si l’on rentre dans le détail, certaines subissent encore davantage les nuisances environnementales (...)
Les travailleurs les moins qualifiés sont les plus confrontés aux nuisances de l’environnement de travail. Des salariés souvent jeunes, mal rémunérés, à qui l’on fait subir les conditions de travail les plus dégradées. (...)
Bien sûr, il ne faudrait pas se méprendre, les conditions de travail d’aujourd’hui n’ont plus grand chose à voir avec celles des années 1950. On utilise de plus en plus de protections, on filtre mieux les poussières. Mais les progrès dans ce domaine ne sont pas linéaires. Hormis pour les poussières, l’environnement de travail s’est plutôt détérioré entre 2005 et 2013, qu’il s’agisse des produits dangereux, des risques d’infection ou du bruit [5]. Surtout, alors que la situation des ouvriers s’est dégradée, celle des cadres supérieurs est quant à elle restée stable (excepté pour les risques infectieux). (...)