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Greek Crisis
Insolite dystopie
Article mis en ligne le 4 avril 2015

Le printemps enfin revient, sans grand espoir apparemment, la Grèce est toujours accrochée aux mêmes amarres. Au Pirée, c’est le calme presque plat. Les rares espaces dédiés à l’attente de plein air mais abrités, sont par les temps qui stagnent principalement... consacrés aux sans-abri, si solidement amarrés au... naufrage social grec. Insularité et isolationnisme alors imposés !

(...) Les discussions se font rares car les discutants sont fatigués. Le pays s’abrite derrière son silence retrouvé, exposé comme il demeure à cette pluie... de nouvelles, plus contradictoires et plus incertaines que jamais depuis pratiquement le début du temps troïkan, à l’instar de la privatisation (complète) du port du Pirée... quatre fois démentie et cinq fois revenue en force, nouvelle qui n’occupe pas les esprits visiblement.

Près du Pirée... principal, le port de Zéa est dédié à la plaisance. Les badauds y affluent, majoritairement jeunes, histoire de boire un café vis-à-vis des yachts des autres et des aisés, en diagonale et cependant dans la proximité du cadre enviable de la richesse... forcement flottante pour certains. (...)

À plus de 60% de chômage les concernant, nos jeunes tuent en conséquence leur temps, désœuvrés et démissionnaires de tout, sauf du numérique. (...)
Ceux qui restent adoptent alors ce nouveau... modèle. Ils sortent seulement pour se rendre au bistrot du village, car y boire un café ou une bière revient-il moins cher qu’en ville, ils passent aussi une bonne partie de leurs nuits à surfer sur internet, à publier sur facebook, à regarder des films, ou à envoyer de nombreux messages. Ils ne se posent plus aucune question, ils ne suivent plus tellement l’actualité, ils ne veulent rien entreprendre, pourtant, tous, ou en le cas échéant leurs parents, procèdent de la terre, et surtout, ils se refusent toute projection vers un avenir, devenu certes... intouchable”, (...)

En examinant les résultats électoraux de janvier dernier, on en déduit que ces jeunes si... insensibles qu’ils soient de tout (en dehors de leur... “paracosme” connecté), ils ont alors en grande partie voté en faveur de l’Aube dorée, le... numérique aura ainsi triomphé à sa manière une fois de plus !

Je remarque également ceci. Depuis les élections du 25 janvier et suite au préaccord du 20 février, conclu entre les... “institutions” (la troïka) et le gouvernement d’Aléxis Tsípras, les intentions de vote (futurs) en faveur de l’Aube dorée se dévoilent étant de plus en plus... décomplexées. Tendance qui semble s’accentuer davantage depuis la remise en liberté récemment (en attendant le procès), des députés de la... structure néonaziforme. (...)

La situation grecque devient ainsi de plus en plus... insolite dans un sens tordu par avance. Un effondrement lent mais effarant, une vie politique embourbée dans son... Verdun du mémorandum, malgré les efforts... aseptisés du gouvernement SYRIZA/ANEL, drôle d’atmosphère. (...)

La situation grecque devient en conséquence de plus en plus... insolite. Les derniers heurts, depuis deux semaines, entre les adeptes se réclamant d’un certain anarchisme (avec occupation de locaux universitaires par exemple) et la police... politiquement dirigée suivant la méthode SYRIZA/ANEL, ces heurts donc, (ils) ont fait réapparaître les policiers antiémeutes (MAT) dans le centre-ville. Tout le monde le remarque et tout le monde en rigole, non pas des unités MAT, mais de déclarations depuis SYRIZA (en dehors de la ligne officielle tout de même), annonçant la suppression des MAT, c’était à la veille des élections de janvier dernier. Autant dire, il y a une éternité.

Dans un moment d’inaction admirablement humaine, un homme des MAT assis sur un banc près du parc de l’Université, il tint compagnie à une femme âgée, connue des lieux et des autres sans-abri comme elle. “C’est très dur mon enfant, tu ne peux pas l’imaginer” lui disait-elle. Voilà que derrière l’insolite biscornu de notre crise, une certaine humanité demeure... au compte-gouttes certes. (...)

Mythologie toujours, mais place de la Constitution cette fois-ci, l’européisme du moment étale sa propagande, sous prétexte d’avancée technologique... tournée vers l’espace ; le temps des Empires, les spationautes et la méta-démocratie en plus, moins l’électricité pour les paupérisés. Europe, terre promise... aux pires fantômes. Et à deux pas... du stand de l’Empire, le cancéreux (ou présenté comme tel) de cette même place, exhibe ses analyses médicales pour mieux solliciter l’assistance des passants... en bon spationaute du surplace, Athènes, 2015. (...)

Dans la vie effective, on n’entend plus tellement l’éclat de la dernière visite d’Aléxis Tsípras, à Berlin par exemple et on entend à peine, le bruit naissant de sa prochaine visite à Moscou, le 8 et 9 avril. Nombreux sont ceux qui ont éteint leurs téléviseurs, et tout le monde s’attend à la stabilisation... par l’affaissement, ou à la faillite enfin... pour la semaine prochaine... sans trop y croire. (...)

En attendant mieux, espérons que Romaric Godin a raison lorsqu’il écrit dans un excellent papier paru dans “La Tribune”, que “la Grèce préparerait désormais la rupture. Jeudi 2 avril, Reuters a publié une information officiellement démentie (évidemment) par Athènes comme quoi, lors de la réunion de travail de l’Eurogroupe (Euro working group) du 1er avril, le représentant grec aurait informé ses ‘partenaires’ que, faute d’un accord, la Grèce ne paierait pas le FMI le 9 avril. Ce vendredi 3 avril, un article du Daily Telegraph, signé Ambrose Evans-Pritchard, généralement bien informé, affirme, de sources grecques, que le gouvernement hellénique prépare concrètement la rupture, en envisageant de prendre le contrôle des banques et d’émettre des ‘lettres de créances’ gouvernementales ayant valeur monétaire. Ce serait évidemment une première étape vers une sortie de la zone euro”.

“Avec cette stratégie de temporisation, Alexis Tsípras donnait l’impression aux Européens qu’ils se renforçaient, alors qu’en réalité, ils s’affaiblissaient. Plus le temps passait, plus les Grecs s’exaspéraient de l’attitude européenne, et plus Alexis Tsípras devenait populaire par sa capacité à ne pas céder. Les exigences de la nouvelle troïka ressemblaient de plus en plus à celle de l’ancienne. De plus en plus, les négociations ressemblaient à une nouvelle façon de vouloir ‘humilier’ les Grecs. Et progressivement, le mot ‘rupture’ (rixi, ρήξη) est devenu de plus en plus dans l’air du temps en Grèce. Le 25 mars, jour de la fête nationale, il a été prononcé par le ministre des Finances Yanis Varoufákis, en réponse à un message de soutien envoyé de la foule : ‘il faudra nous soutenir après la rupture’, a-t-il répondu.” (...)

Le Parlement, l’Eurogroupe, l’Acropole, le Musée, les élus, la Démocratie et les chats, toute une vie politique entre despotisme et son contraire. Quel progrès ?