
Pour Violaine Husson, de la Cimade, la France, signataire de la convention des droits de l’enfant, contrevient à ses engagements en plaçant des mineurs dans des situations loin d’être adéquates.
L’information a fuité par voie de presse jeudi : 26 des 44 mineurs arrivés en France à bord du bateau humanitaire Ocean Viking ont fugué de l’hôtel où ils étaient logés à Toulon. « Le département a vocation à mettre les mineurs en sécurité mais pas dans des geôles, on ne peut pas les maintenir de force dans un foyer. Ils peuvent fuguer et c’est ce que certains on fait. On ne peut pas les contraindre, il n’y a pas de mesures coercitives à leur égard », a assuré Jean-Louis Masson, le président du conseil départemental du Var. Parmi ces 26 mineurs se trouvaient une majorité d’Erythréens qui, selon Christophe Paquette, directeur général adjoint en charge des solidarités au conseil départemental du Var, « ne restent jamais » car « ils ont des objectifs précis dans des pays d’Europe du Nord » comme les Pays-Bas, le Luxembourg, la Suisse ou encore l’Allemagne, où ils souhaitent rejoindre de la famille ou des proches.
Violaine Husson, responsable nationale Genre et Protections à la Cimade, répond à nos questions. (...)
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De jeunes migrants appelés à repeupler les campagnes
À Tremp (Espagne).
Smaïl se lève tôt tous les matins pour arriver à 8h à son travail, une déchetterie où il range et nettoie les objets à recycler. Il rentre chez lui à 14h et occupe parfois son après-midi à livrer des revues ou des repas à domicile. Il est marocain, il a 19 ans et il vit à Tremp, une ville de 6.000 habitants située en bordure des Pyrénées, au nord-ouest de la Catalogne.
C’est en 2020 que lui et neuf autres jeunes migrants non accompagnés sont arrivés dans cette commune pour participer pour la première fois au projet « Avenir ». En leur assurant un logement et une formation dans cette région dépeuplée, ce programme aspire à leur offrir un avenir digne tout en redynamisant le territoire avec ces jeunes avides de travailler.
« Il s’agit de zones rurales de plus en plus désertées par les jeunes », constate Violeta Quiroga, professeure en travail social à l’Université de Barcelone, qui a pris part au programme. Il en résulte une population très vieillissante et inactive. Pour résoudre ce problème, conjugué à celui des mineurs migrants non accompagnés, le gouvernement autonome de Catalogne et la chambre de métiers et de l’artisanat de région Occitanie, en France, ont lancé ce projet commun. Ce dernier est doté d’une subvention de près de 700.000 euros provenant du Fonds européen de développement régional (Feder).
Issus de centres d’accueil pour jeunes migrants, les participants sont dirigés vers cette zone de montagne. Ils y sont hébergés et encadrés 24 heures sur 24 par une équipe de sept professionnels qui les aident dans leurs tâches quotidiennes. « L’objectif est de faire en sorte qu’ils puissent sortir et trouver un emploi, mais avec un travail préalable d’accompagnement à l’émancipation », explique Mireia Badia, la directrice du personnel. Ces accompagnateurs leur apprennent notamment à cuisiner des plats sains, à gérer leur argent et à utiliser une machine à laver. (...)
Ces jeunes reçoivent également une formation adaptée aux métiers disponibles dans la région. Vu l’offre éducative limitée en milieu rural, de surcroît vis-à-vis de personnes démunies de papiers en règle, Avenir leur propose des cours adaptés à leurs besoins et à leurs intérêts (menuiserie, coiffure, maintenance, etc.) (...)
La priorité : trouver du travail
Huit des dix premiers participants ont désormais trouvé un emploi. « Leur priorité est de trouver du travail, d’avoir des papiers en règle et d’économiser afin d’aider leur famille au Maroc », selon Mireia Badia. (...)