
En juin dernier, la façon de traiter les élections iraniennes, de présenter le président Mahmoud Ahmadinejad et de sonner l’alarme sur le programme nucléaire iranien est similaire à la couverture unilatérale dirigée par les médias américains contre le dictateur irakien Saddam Hussein et contre le supposé programme des « armes de destruction massive » de l’Irak, avant l’invasion de 2003.
...En bref, le NY Times, le W. Post et la quasi-totalité des autres organes d’information américains se sont comportés davantage comme des outils de propagande que comme des organisations de journalistes professionnels. Le parti pris anti-iranien, à l’instar du précédent parti pris anti-irakien, se remarque surtout dans les pages éditoriales, mais on le retrouve également dans les pages ordinaires consacrées aux informations....
...Ce que les organes d’information ne disent presque jamais, c’est que plusieurs pays de la région possèdent déjà des armes nucléaires, y compris Israël, dont l’arsenal non déclaré passe pour l’un des plus sophistiqués de la planète.
..Depuis qu’ils ont fait exploser deux bombes nucléaires contre la Japon, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les responsables américains ont périodiquement discuté d’attaques nucléaires et en ont même menacé d’autres pays, s’ils ne se conformaient pas aux desiderata des Américains. Parmi ces pays menacés figurent des États non nucléarisés, comme le Nord-Vietnam, à l’époque où le président Richard Nixon était engagé dans ce qu’on a appelé sa « stratégie du fou ».
Même aujourd’hui, alors qu’elles dénoncent l’intérêt présumé de l’Iran pour la réalisation d’une arme nucléaire, les autorités américaines, y compris le président George W. Bush et, selon toute vraisemblance, le président Barack Obama, ont laissé grande ouverte la possibilité d’une attaque nucléaire contre l’Iran. Ils n’ont pas manqué d’insister pour dire que « toutes les options étaient envisageables » et, alors qu’elle était encore candidate à la présidence, la ministre des Affaires étrangères Hillary Clinton, a menacé de rayer l’Iran de la carte s’il attaquait Israël.
Pourtant, à la lecture des principaux journaux américains, on croirait que l’Iran est le seul pays dangereux opérant dans cette partie du monde.
...on aurait au moins pu espérer que la mort et la destruction en Irak auraient enseigné une leçon douloureuse à ces gens des médias : parfois, des propos irréfléchis sur des « ennemis » étrangers peuvent mener à d’horribles souffrances humaines.
Les journalistes pourraient également se rappeler les bons vieux principes de la profession : le fair-play et l’honnêteté, la primauté des faits et l’objectivité.