
En Israël, des lycéennes se mobilisent pour protester contre l’interdiction de porter un short dans leur établissement. La contestation prend une autre dimension : une lutte pour l’égalité entre les sexes, dans un contexte religieux tendu.
A travers le pays, la protestation des lycéennes israéliennes grandit. A tel point que le quotidien Haaretz y a consacré sa « une » lundi 1er juin. Et que la question fera débat au Parlement mercredi 3 juin. Dans ce mouvement à l’origine sans coordination, ces lycéennes - et lycéens - se battent contre leurs professeurs et proviseurs pour qui le port du short (par les filles) pose problème.
R. a 14 ans, interviewée par Haaretz, explique : « Ils accusent les victimes. Nous ne sommes pas dans une école haredi [ultra-orthodoxe]. Nous sommes dans une école totalement laïque et libérale (…). Les filles ne sont pas des objets sexuels et ne peuvent être considérées comme tels. Nous sommes des êtres humains, nous avons très chaud en été. Ils apprennent aux filles à avoir honte de leur corps, à penser que le short est une invitation à violer ».
En réponse à cette mobilisation, les établissements concernés ont pris des mesures disciplinaires strictes : confiscation des téléphones portables, interdiction de passer des examens et convocation des parents. La contestation a pris de l’ampleur après l’expulsion de plusieurs filles de leur établissement.
La page Facebook « Arrêtons d’être silencieux, battons nous pour la liberté et l’égalité », sur laquelle les protestations se sont diffusées à partir de la mi-mai, est devenue une plate-forme d’échanges sur les discriminations sexistes et un défouloir face à la répression. (...)
Ce débat n’est pas spécifique à Israël. Les Nouvelles NEWS s’était déjà penché sur le sujet un an plus tôt, cette fois au Canada et aux Etats-Unis où plusieurs lycéennes étaient priées de ne pas « distraire » les garçons avec des tenues trop courtes (...)
Pour la journaliste Allison Kaplan Sommer, malgré les efforts de Benjamin Netanyahu à dépeindre Israël en Etat moderne, « il y a une crainte et une urgence : la crainte tangible d’une pente glissante vers le fondamentalisme religieux quant à la façon dont la société perçoit le corps des femmes. (…) Ce n’est pas un sentiment nouveau mais il s’est accéléré depuis la rentrée dans la coalition gouvernementale de partis ultra-orthodoxes à des postes clés ». (...)