La Guillotine est heureuse de vous proposer sa deuxième publication. Après Europe-Israël : Une alliance contre-nature de David Cronin, traitant des relations ambivalentes entre l’Europe et Israël, cette fois il s’agit d’une investigation abordant un autre sujet peu éclairé
Alors que les Palestiniens en Israël s’imposent comme une composante incontournable de la réflexion politique et de l’action pour libérer la Palestine de l’apartheid et de la domination militaire sionistes, aucun livre en français n’expose systématiquement le régime de discrimination légalisée auquel ils sont soumis depuis la proclamation d’Israël. Or, le livre écrit par Ben White comble largement ce déficit d’information.
Il est devenu banal d’entendre les dirigeants israéliens et les diplomates exiger que les Palestiniens “reconnaissent” Israël comme un État juif ou parfois « juif et démocratique ». Apparu dans le cadre des pourparlers de paix après Oslo, cela est relativement récent. En effet, avant 2000, la question du caractère supposément « juif et démocratique » d’Israël n’était pas souvent l’objet de compte-rendus ou de débats. à en croire les archives des journaux de la période 1970 à 1990, le souci de préserver Israël en tant qu’État « juif et démocratique » faisait principalement partie d’un débat sur le devenir des Territoires palestiniens occupés par Israël depuis 1967.
Désormais, par contre, le caractère autoproclamé juif d’Israël ne fait plus seulement partie du processus de paix : selon certains législateurs de la Knesset, il faut aussi le « défendre ». Pour les lobbyistes et les soutiens internationaux d’Israël, c’est l’opposition à Israël en tant qu’État juif qui rend sa « délégitimation » si problématique. Il est par conséquent vital de décortiquer la formule « juif et démocratique » puisque comprendre la signification de cette autodéfinition nous aide à mieux identifier la cause principale du conflit. (...)
la discrimination subie par la minorité palestinienne et qui est inhérente à la définition d’Israël comme « juif et démocratique » est reconnue sans problème lorsque la question est discutée honnêtement. La célèbre juriste Ruth Gavison, qui fut un temps pressentie pour un siège à la Cour suprême d’Israël, fut l’une des membres fondateurs de l’Association pour les droits civils en Israël. En 2003, Gavison a rédigé une longue défense du « droit des Juifs à un État » dans laquelle elle s’est exprimée sans détour sur les conséquences pour les Palestiniens :
L’état juif est donc une entreprise dans laquelle les Arabes ne sont pas des partenaires pleinement égaux ; leurs intérêts n’ont pas le même statut que ceux des Juifs – qui sont, pour la plupart, des nouveaux venus sur cette terre, sans compter ceux qui n’y vivent même pas. (...)