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J’ai 18 ans demain. L’ASE me dit de libérer ma chambre d’hôtel et d’appeler le 115
Article mis en ligne le 13 avril 2020

Mise à jour (4) le 6 avril : De bonnes nouvelles transmises par Mohammed sur sa page

EDIT du 06/04
Merci tout le monde pour le soutien !
Je suis très content, le juge a décidé que l’ASE devait me reprendre en charge d’ici 48h. J’attends maintenant de pouvoir retourner à l’hôtel. J’espère que je pourrais avoir accès à internet et continuer mes cours.
Je suis content pour les autres jeunes qui vont avoir 18 ans et qui pourront rester à l’abri au moins pendant le confinement.

Mise à l’abri et prise en charge des mineurs et jeunes majeurs non accompagnés

Parmi les mesures d’urgence adoptées ce week-end à l’Assemblée nationale, les députés ont voté l’interdiction de sortie des dispositifs de l’Aide sociale à l’enfance de chaque enfant atteignant sa majorité durant la période de crise du Covid-19.

Je m’appelle Mohammed-Lamine.

Ce vendredi 3 Avril 2020, j’ai eu 18 ans. Pour beaucoup de jeunes de mon âge, c’est une fête.
Pour moi, ça a été une dure journée. En pleine période de confinement, j’ai été mis dehors par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE).
Pour que vous compreniez, je dois vous raconter mon histoire. Je suis parti de Guinée à l’âge de 16 ans alors que j’étais dans une Académie de football qui prépare à la pratique professionnelle de ce sport.

En Guinée après le décès de ma mère puis de mon grand-père, je vivais avec ma sœur car mon père, qui avait répudié ma mère, ne m’apportait aucun soutien financier ou autre.

Le 4 Août 2018. Ma sœur aînée qui était ma mère de substitution et mon seul soutien financier, m’annonce que nous devons quitter notre maison pour partir “ailleurs”, pour notre bien, sans me donner de motif. N’ayant pas de ressources propres et ayant une confiance absolue en ma sœur, je la suis. J’espère secrètement qu’elle envisage pour moi un recrutement dans un club de football plus prestigieux que celui de Conakry.

Fin août / début Septembre 2018, après avoir traversé le Mali, le Burkina-Faso et le Niger, nous arrivons en Libye. À notre arrivée des sortes de militaires nous séparent et je ne verrai plus jamais ma sœur. Je suis désemparé et désespéré jusqu’à ce qu’un monsieur Sénégalais de Tripoli prenne pitié de moi et m’héberge chez lui durant 2 à 3 mois.

Novembre/Décembre ce monsieur m’explique que la seule solution est de rejoindre l’Europe par la mer. (...)