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JO 2024 : la ville olympique n’est pas une ville écologique
Article mis en ligne le 28 mars 2019
dernière modification le 27 mars 2019

Pour les auteurs de cette tribune, refuser la tenue des Jeux olympiques à Paris est encore possible. Ils s’élèvent contre la pollution, l’accélération de la gentrification, « la frénésie de béton qui s’empare de toute la ville sous influence olympique », en bref, contre l’exploitation des biens communs « au seul bénéfice des promoteurs et investisseurs ».

Comme dans le roman 1984, la mairie de Paris est prisonnière de la double-pensée. Inventée par Georges Orwell, cette faculté permet de dire et de penser simultanément deux choses contradictoires. À Paris, c’est devenu la norme de la politique municipale : services publics privatisés, mixité sociale chez les riches, économie collaborative prédatrice, et comme un couronnement de la politique de l’oxymore, les Jeux Olympiques écologiques.

Le projet Paris 2024, c’est bel et bien Paris 1984. Quand Anne Hidalgo promet des « Jeux olympiques sobres et écologiques », c’est le triomphe de la double-pensée. Quand elle lance sur l’écologie une OPA pour Coca et McDo, quand elle associe ses partenaires Martin Bouygues et Bernard Arnault à la sobriété, on est déjà dans le record olympique du greenwashing.
Tout ce qui est commun est privatisé, au seul bénéfice des promoteurs et investisseurs

Culte de la compétition, culte de la consommation, les JO sous leur forme actuelle sont un contre-exemple absolu au moment où l’humanité, entrée dans la nouvelle ère anthropocène et capitalocène, a plus que jamais besoin de justice, de coopération et de régulation. (...)

Tout y passe, logements, terres agricoles, réseau de transports, même la Seine, qu’Anne Hidalgo veut privatiser pour réaliser des passerelles pour centres commerciaux. Et maintenant le ciel de Paris, que la mairie parle de transformer en autoroute à taxis volants pour 2024 : tout ce qui est commun doit être privatisé. Rien ne doit résister à la logique marchande. (...)

Paris 2024 est le grand accélérateur de la métropolisation et de la gentrification. (...)

La première chose à faire est de rétablir la démocratie. Jamais la maire de Paris n’a voulu que les citoyen.ne.s soient consulté.e.s au sujet des JO. Au contraire, au cœur de son dossier de candidature, elle a souligné que rien ne l’y obligeait. Voilà comment, en l’absence de concurrence (car les citoyen.ne.s des autres villes candidates s’étaient justement opposé.e.s aux Jeux Olympiques, à Boston, à Hambourg, à Budapest et à Rome), la mairie a imposé sa version contemporaine du pain et des jeux : du CO2 et des JO.

Si nous voulons arrêter la catastrophe olympique et changer de modèle, sortir de l’étau du béton et du profit pour inventer un nouvel écosystème parisien qui nous protège de la gentrification et de la métropolisation barbare, nous le pouvons.

Dire non aux JO est encore possible, mais seulement au prix d’un grand effort collectif et d’une conscience citoyenne claire des enjeux. Sans oublier ce principe aussi : la politique et l’écologie sont des sports d’équipe, et de combat. Exigeons que les citoyen.ne.s puissent voter par référendum sur les JO !