
Le refus de Tanya Rosenblit, en décembre dernier, de se laisser reléguer avec les autres passagères au fond du bus, les hommes se réservant l’avant pour n’être surtout pas confrontés au risque de poser les yeux sur une femme, a braqué les projecteurs sur la radicalisation progressive de certains milieux ultra-orthodoxes – forts d’un taux de natalité qui les a fait passer avec le temps de 3 à 10 % de la population israélienne, leur assurant un poids électoral non négligeable
(...) Comment un homme peut-il considérer, à notre époque, qu’une femme n’a pas qualité à s’asseoir devant lui ? Qu’éprouverait-il si sa mère, sa sœur ou sa fille s’était heurtée à un tel mépris ?
Le policier finit par admettre mon refus, faute de choix. L’homme qui avait organisé la manifestation resta à Ashdod, tandis que les autres passagers, y compris les nouveaux venus montés par la suite, me dépassaient et s’asseyaient derrière moi sans anicroche. (...)
Pourquoi la limitation des droits et de la liberté de l’autre est-elle considérée comme juste dès lors qu’elle se présente sous la forme de l’adhésion aux exigences de la loi judaïque ? Depuis quand la Torah a-t-elle préséance sur la politesse la plus élémentaire ? Comment peut-on faire de la religion un usage aussi cynique et comment se fait-il que nul n’ait jusqu’ici réalisé qu’il s’agit là d’un problème social, et que son lien à la religion est mince voire inexistant ? Comment est-il possible qu’une communauté tout entière choisisse d’humilier ses filles, ses femmes et ses sœurs sans que nul ne pousse ni cri ni larme ? Qui imaginerait que quelqu’un puisse vraiment opter pour une vie d’humiliation et d’exclusion ? (...)