
« Pour l’instant, c’est lui qui a le point. » C’est en ces termes que Jean-Luc Mélenchon concédait le 29 octobre 2017 un avantage à Emmanuel Macron, notamment dans sa capacité à imposer ses réformes libérales. Aussi courte soit-elle, cette phrase de 40 signes représentait une opportunité trop belle pour une poignée de journalistes impatients : l’occasion de diagnostiquer une dépression au leader de la France Insoumise et en filigrane, d’annoncer l’échec des mobilisations face à la politique du gouvernement. Et tant pis si rien ou presque ne permet d’étayer ce bilan.
Sur la base des déclarations de Jean-Luc Mélenchon le 29 octobre dernier à Athènes, de nombreux médias ont constitué le dossier médical du député de la 4ème circonscription des Bouches-du-Rhône. Et leur diagnostic est unanime : miné par la déprime et découragé par la bataille contre la loi Travail (supposément perdue), l’ancien candidat de la France Insoumise à l’élection présidentielle est à l’image du mouvement social contre les réformes du gouvernement : exsangue, empli d’un sentiment de défaite et résigné. Faute d’éléments suffisants pour démontrer que Jean-Luc Mélenchon s’essouffle, les journalistes usent et abusent d’éléments de langage et de choix iconographiques évocateurs pour convaincre les lecteurs du « coup de blues ». (...)
Pour clore l’épisode « déprime », dans lequel journalistes et éditorialistes scrutent l’humeur du député insoumis à la loupe, il convient d’observer que c’est Le Figaro qui, le premier et quasiment deux semaines avant tout le monde, avait lancé la petite musique du « coup de blues » de Jean-Luc Mélenchon, évoquant alors son « passage à vide » (...)
Finalement, les symptômes importent peu : quand les journalistes diagnostiquent Jean-Luc Mélenchon « dépressif », c’est uniquement pour prescrire une période de convalescence à l’opposition politique et mettre la mobilisation sociale anti-Macron au repos.