
Il y a 50 ans, le 10 octobre 1966, Jean-Marie Muller donnait sa toute première conférence publique à Orléans sur le thème « La violence et l’évangile » dans le cadre d’une rencontre oecuménique à laquelle participait notamment l’évêque d’Orléans Guy Riobé et le pasteur Miroglio, responsable de l’Eglise réformée d’Orléans. Jeune professeur de philosophie, il est alors âgé de 26 ans, Jean-Marie Muller y faisait le constat que « le monde est en état de violence » et qu’ « il est menacé par la violence jusque dans son existence même ». Il posait alors cette question qui demeure toujours d’actualité : « Face à cela, que devons-nous faire, que pouvons-nous faire ? » C’est précisément à ces questions cruciales que Jean-Marie Muller ne cesse de réfléchir depuis cinq décennies en s’efforçant de relever le formidable défi que nous lance la non-violence.
Son nom apparaît sur la place publique à Orléans, en janvier 1969, lors d’un procès où il comparaît avec deux autres Orléanais (Jean Desbois et Jean-Pierre Perrin) pour avoir renvoyé son livret militaire. Deux ans auparavant, il avait demandé, en tant qu’officier de réserve, à bénéficier du statut d’objecteur de conscience. Il sera condamné à trois mois de prison avec sursis et à cinq ans de privation de ses droits civiques.
evangile-non-violence013 La même année paraît son premier ouvrage L’évangile de la non-violence, chez Fayard, qui apporte les premiers éclairages sur la non-violence dans une perspective chrétienne. Il souligne les insuffisances et les contradictions de la théologie et de l’Eglise sur la violence légitime et la guerre juste. Surtout, il soutient que la non-violence est une des exigences essentielles du christianisme et montre qu’elle est une autre voie, davantage efficace, pour promouvoir la justice, la paix et la liberté. Avec cet ouvrage écrit avec une grande rigueur, Jean-Marie Muller s’impose déjà comme un important penseur de la non-violence.
En 1970, il quitte l’enseignement pour se consacrer à des travaux de recherche sur la non-violence et à sa mise en oeuvre sur le plan de la formation et de l’action. (...)