
PRÉSIDENTIELLE AMÉRICAINE 2020 – La victoire de Joe Biden a provoqué des scènes de liesse spontanées dans les rues de New York. Mais derrière cette célébration, beaucoup estiment que le chemin sera long pour corriger les conséquences du “système Trump”.
Une clameur sourde a envahi les rues, comme une soudaine libération. Samedi 7 novembre, vers 11h30, les chaînes CNN et NBC ont enfin annoncé la nouvelle : Joe Biden a désormais obtenu une telle avance de voix dans les États encore en cours de décompte qu’il ne peut plus être rattrapé. Devant en Pennsylvanie, Arizona, Nevada et Georgie, il obtient 279 grands électeurs, sur les 270 requis pour être élu. À 77 ans, il devient donc le 46e président des Etats-Unis. Kamala Harris, sa colistière, est la première femme et personne non-blanche à devenir vice-présidente. Surtout, Donald Trump est battu. (...)
À New York, qui vote majoritairement démocrate, c’est la joie. Trump a beau être un enfant du pays, cela fait longtemps qu’une bonne partie de la ville l’a renié. Après quatre jours d’attente et de montagnes russes émotionnelles, les habitants se mettent aux fenêtres ou sur les perrons des immeubles pour applaudir, se congratuler, s’enlacer.
À Brooklyn, certains se réunissent aux carrefours pour crier victoire, les automobilistes répondent en klaxonnant. (...)
On ne compte plus les regards embués, les larmes de soulagement. « Pour des millions d’Américains, le long cauchemar national est terminé », déclare le présentateur Jack Tapper sur CNN, qui commence à diffuser des images de liesse de plusieurs grandes villes.
“Trump est désormais out !”
Dans l’après-midi, plusieurs manifestations sont organisées à travers la ville. (...)
Depuis quatre ans, l’homme d’affaires a tellement occupé l’espace médiatique et politique du pays, imposant son rythme frénétique et sa politique agressive, qu’il est difficile de croire que c’en est bel et bien fini. Toute la journée, on attendra, fébrile, une déclaration fracassante, mais rien, ou presque. Le président battu après un seul mandat (chose inédite depuis trente ans) était au golf lorsque la nouvelle de sa défaite a été annoncée. Il se contentera de quelques tweets rageurs, répétant que l’élection a été entachée de fraudes, sans jamais avancer de preuves. (...)
Avant que la manifestation s’engage dans la 7e Avenue et descende vers Greenwich Village, plusieurs organisations militantes qui, depuis quatre ans, ont redoublé d’effort pour faire barrage à l’administration Trump, montent sur une estrade improvisée pour prendre la parole. « Aujourd’hui, nous célébrons, affirme une activiste dans un mégaphone. Mais demain, il va falloir se mettre au travail et s’attaquer à ceux qui ont permis au système Trump de s’installer ».
“Mais demain il faudra se battre...”
Le sentiment est partagé, notamment parmi les plus jeunes démocrates, qui ont majoritairement soutenu le socialiste Bernie Sanders pendant la primaire et trouvent Joe Biden trop timoré. « C’est évidemment une énorme victoire et je célèbre la fin du règne de Trump, raconte Jane, une jeune lesbienne qui se dit inquiète pour ses droits de la récente nomination à la Cour Suprême de la juge ultra-conservatrice Amy Coney Barrett. Mais Biden ne soutient pas vraiment Black Lives Matter, il ne croit pas en l’assurance santé universelle, il ne veut pas légaliser la marijuana... Donc on célèbre, oui, mais demain il faudra se battre pour pousser sa politique bien plus à gauche. » (...)