Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Agoravox
Jouir d’un bien sans le posséder
par Karol jeudi 21 novembre 2013
Article mis en ligne le 24 novembre 2013
dernière modification le 21 novembre 2013

« Si à 50 ans on a pas une Rolex, on a raté sa vie » Jacques SEGUELA « les 4 vérités » 13/02/2009

Cette phrase à bien des égards obscène, prononcée le 13 février 2009, en pleine crise financière, à propos du Président de la République, par un publicitaire bien connu, est symptomatique d’un état d’esprit où la dictature des marques asservit les individus et où l’avoir et le paraître l’emporte sur l’être, où "le bien anéantit le lien". (1)

Mais à coté de ces marques de luxe qui envahissent les pages des magazines et des journaux et qui jouent le rôle de marqueur social, le modèle économique occidental est basé sur la consommation de masse et l’acquisition d’objets à l’utilité discutable, dont les coûts de production sont constamment revus à la baisse, par des « travailleurs-consommateurs » aux salaires bridés qui doivent s’endetter pour être encore dans la course au toujours plus.

Cette boulimie dans la consommation, outre la concentration de la richesse qu’elle induit, entraine un épuisement des ressources de notre planète, une pollution incontrôlée de la terre et de l’eau. En individualisant et en généralisant à l’échelle du monde, l’acquisition de biens durables de plus en plus diversifiés, en laissant l’individu "libre" d’assurer comme il l’entend ses propres besoins de base comme se loger, se déplacer, communiquer, la société s’est émiettée et les égoïsmes et les frustrations se sont renforcés. Derrière cette appropriation individuelle se sont développées de gigantesques sociétés multinationales qui gèrent leurs intérêts aux dépends des États et du bien commun.

« Faire de la France un pays de propriétaires ! » Tel était, il y encore quelques années, le projet de société d’un candidat à la présidence de la République. Quel avenir radieux ! (...)

Tracer des pistes pour sortir de ce piège et proposer des alternatives à ce gaspillage des richesses de la planète est une impérieuse nécessité pour pouvoir garder collectivement la maîtrise de notre destin commun.
La sphère publique doit reprendre la maîtrise du foncier pour une utilisation modérée rationnelle et harmonieuse des sols. Elle doit aussi reprendre la main dans la construction de logements de tous types en se réappropriant le sol et en réintégrant la nue-propriété des immeubles dans les contraintes d’un collectif urbain. (...)

Les idées pour rendre un habitat plus convivial ne manquent pas, comme l’émergence de logements participatifs, projets collectifs portés par plusieurs familles. ( Le Monde du 16/11/2013 ) ; De nombreux projets d’habitat partagé (5) voient le jour partout en France ( terra eco )
(...)

UN NOUVEAU PARADIGME OU LA JOUISSANCE D’UN BIEN L’EMPORTERAIT SUR SA POSSESSION.

Ce dont on a besoin ce n’est pas de posséder un objet ou un bien mais de pouvoir jouir du meilleur service que procure ce bien : se loger confortablement, se nourrir sainement, se déplacer de façon optimale d’un point à un autre, communiquer facilement, se divertir etc…

Dans ce nouveau paradigme, le concepteur d’un bien durable devrait être seul responsable de l’objet technique jusqu’à sa destruction et devrait ne faire commerce que de son usage. En échange d’un loyer il assurerait la maintenance, l’évolution et la sécurité pendant toute la durée de vie de l’objet jusqu’à sa destruction, jusqu’au recyclage des matériaux le composant. (...)

Il s’agit d’acheter ou de louer un service adapté aux besoins du moment et non de posséder un bien dont on devient trop souvent prisonnier et esclave. (...)

Le but d’une telle approche est d’intégrer la problématique de la voiture particulière dans un système de transport globalet diversifié, comme la problématique du logement individuel dans un système plus général d’aménagement du territoire. (...)

Il ne s’agit pas d’ anéantir l’initiative individuelle dans ce domaine, mais de faire en sorte qu’elle s’investisse dans un projet qui dépasse les frontières de la sphère individuelle, plus en amont dans la conception, où pour l’instant seuls les experts ont leur mot à dire. (...)

On laisse croire au client que l’on flatte qu’il est libre de ses choix alors qu’on vise avant tout à lui faire adopter des choix que d’autres on pris pour lui afin d’optimiser leur profits. Il faut cesser de distraire le consommateur, de le leurrer en excitant sans cesse ses pulsions, en lui vendant du rêve à grands coups de communication dont les budgets exorbitants lui sont au final facturés. (...)