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Journée de la critique des médias : Quels rapports des syndicalistes avec les médias ?
intervention orale de Nathalie Bonnet (Sud-rail)
Article mis en ligne le 22 mars 2015
dernière modification le 18 mars 2015

(...) La question du rapport aux médias est bien évidemment présente dans le syndicalisme. Non pas parce que les syndicalistes ont découvert la presse et la télévision ces dix dernières années, mais parce que les modes de communication se sont diversifiés… presse écrite, télévision mais aussi Internet, puisqu’un certain nombre de médias (notamment ceux dits alternatifs) fonctionnent aussi, si ce n’est uniquement par Internet.

Présente aussi, peut-être parce que chez quelques syndicalistes qui sont aussi des femmes et des hommes, les choses n’existeraient que si on en parle dans le journal et à la télévision…

Faut-il parler et parler à tous ?

Un des débats qui traverse nos organisations syndicales est « quel rapport devons-nous avoir avec les journalistes ? »

Cette question, nous nous la posons à chaque conflit, mais il n’y a pas de réponse unique.

En effet, les médias régionaux sont souvent plus « abordables », moins « dirigés », plus à l’écoute, notamment dans le cadre de luttes locales, comme celles menées dans plusieurs régions contre la suppression des contrôleurs dans les trains.

Au niveau national, en cas de conflit, si nous ne refusons pas beaucoup d’interviews de journalistes de la presse écrite, il est hors de question d’aller se « produire » n’importe où.

Les informations, les émissions de débats oui, les émissions de divertissements non, car même si c’est très minoritaire « l’attrait de la caméra qui brille » existe aussi au sein de SUD-Rail. Ce n’est pas l’orientation adoptée, mais très minoritairement ça existe.

Il ne s’agit pas de jugements de valeur sur telle ou telle émission, mais de se rappeler que ce que nous faisons c’est du syndicalisme …

Les médias et le traitement de la grève des cheminot-es de juin

Comme je l’ai dit, nous avons fait le choix de répondre aux journalistes pour expliquer ce mouvement de grève.

Nous avons fait le choix également de ne pas seulement attendre les sollicitations, mais de rédiger régulièrement pendant la grève des communiqués de presse pour expliquer ce mouvement et déconstruire le discours lénifiant du gouvernement et de la direction SNCF sur le projet de loi de Réforme ferroviaire.

Le premier constat est que le discours de la direction et du gouvernement ont été mieux relayés par les médias. (...)

Sur les revendications liées à la grève, à aucun moment les médias n’ont relevé qu’il n’y avait aucune revendication corporatiste dans ce mouvement… Il ne s’agissait pas de revendiquer sur les salaires, l’emploi… Ce que portaient les grévistes, c’était l’avenir du service public et de la SNCF.

Sur le reste, nous avons eu droit comme d’habitude aux termes inappropriés tels que « prises d’otage », accompagnés, comme il se doit, d’interviews de voyageurs excédés… Un grand classique.

Rapidement, on n’a plus parlé des cheminot-es que pour dire qu’ils allaient empêcher que se déroulent les épreuves du bac…

Et puis toujours ce message latent : les cheminot-es seraient des nantis. C’est aussi le message qui est passé dernièrement, lors de la grève des pilotes d’Air France, alors qu’une des revendications essentielle de leur mouvement était le refus de la création d’une filiale low-cost.

En conclusion, par rapport au traitement de la grève de juin, les cheminot-es mais aussi nombre de militant-es syndicaux se sont sentis trahis par les médias « « populaires »… et ont eu l’impression que tous étaient la voix du gouvernement et de la direction SNCF. (...)