
A 89 ans, Lili Leignel est animée par le devoir de mémoire : elle témoigne régulièrement devant des collégiens, comme ce jour-là, à La Coupole, centre d’histoire à Wizernes dans le Pas-de-Calais
C’était il y a 77 ans : le 27 janvier 1945 était libéré le camp de concentration d’Auschwitz. Ce jeudi 27 janvier marque ainsi la journée mondiale de commémoration des victimes de l’Holocauste.
Il y a les cérémonies et les hommages, mais aussi les témoignages, rares et précieux pour témoigner de l’horreur et de la barbarie des camps. Lili Leignel, 89 ans, fait partie de ces témoins de l’Histoire encore vivants. (...)
Face à ces enfants de Sangatte, réunis à La Coupole, centre d’histoire à Wizernes dans le Pas-de-Calais, elle raconte d’abord l’arrestation à Roubaix, le 27 octobre 1943 : "À trois heures du matin, la Feldgendarmerie est arrivée chez nous avec fracas. Schnell ! Lós ! Dépêchez-vous !". Séparés de son père Joseph, la petite Lili, 11 ans, sa mère et ses deux petits frères arrivent au camp de Malines, en Belgique. Et là vient l’humiliation : "Il nous fallait écarter les jambes pour voir si nous n’avions pas caché des bijoux." Puis la déshumanisation à Ravensbrück, le camp de concentration au nord de Berlin. Son numéro de matricule : 25612.
"Nous avons tous été rasés. Nous crevions littéralement de faim. La nuit, on entendait les toux des tuberculeux, les râles des mourants."
Lili Leignel à franceinfo (...)
"A partir de ce moment-là, on se disait que la mort était préférable à cette vie de bête. Cependant, un jour, nous avons vu entrer des soldats !"
Ce sont les soldats anglais : le 15 avril 1945 le camp est libéré. Joseph, le père de Lili, ne reviendra jamais vivant d’un autre camp. À la fin du récit, Célestine, une collégienne, en ressort chamboulée. "C’est touchant, elle nous raconte son passé, explique-t-elle les larmes aux yeux. Nous, aujourd’hui, on se plaint pour rien."
"Vous voyez, le travail est grand ! Je témoignerai, je continuerai, je ne faillirai pas. Jusqu’à ce que je tienne debout", promet Lili.