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Slate.fr
Jusqu’où peut aller l’entente croissante entre le Maroc et la Russie ?
Article mis en ligne le 22 février 2021
dernière modification le 21 février 2021

Après son intervention militaire en Crimée en 2014, la Russie s’est vu sanctionnée par les pays occidentaux. Elle a alors cherché à rétablir ou consolider ses relations sur le continent africain, en se basant notamment sur les pays qui avaient déjà un lien avec l’URSS. (...)

L’essor des relations entre Rabat et Moscou, notamment dans les secteurs de l’agriculture, de la pêche ou de la lutte contre le terrorisme, s’inscrit donc dans une logique d’expansion géopolitique de la Russie en Afrique, même si le Maroc, proche des Occidentaux, ne fait pas partie de ces pays sous influence russe. (...)

En représailles aux sanctions économiques occidentales contre Moscou, Vladimir Poutine a instauré en 2014 un embargo total sur une longue liste de produits alimentaires. Le royaume chérifien a bénéficié de ces contre-sanctions russes, en devenant une source d’approvisionnement. (...)

Juan A. Mora Tebas affirme que pour contrer le risque d’isolement, la Russie a cherché à créer de nouvelles opportunités en Afrique, alors même que les Occidentaux s’y faisaient plus discrets. (...)

Enjeux politiques et sécuritaires

Parallèlement, la coopération entre Rabat et Moscou dans le domaine sécuritaire se développe également depuis 2016 au nom de la lutte contre le terrorisme, malgré les divergences des deux pays sur le conflit en Syrie. (...)

Par ailleurs, pour contrer les sanctions internationales et la baisse de l’exportation de pétrole, la Russie cherche également à exporter d’avantage d’armes en Afrique. (...)

Pour Pierre Vermeren, le rapprochement de Moscou et Rabat est donc surtout une stratégie politique. En effet, en développant ses relations avec la Russie, le Maroc, « enlève à l’Algérie le monopole de sa relation avec la Russie ». L’Algérie est en effet considérée comme adversaire du royaume chérifien, notamment en raison de son soutien au Sahara occidental. Alger continue d’ailleurs de se fournir en armes auprès des Russes, tandis que Maroc a un arsenal d’armes occidentales, achetées aux États-Unis ou à la France (...)

La question du Sahara occidental

Ce jeu d’influence pose la question du Sahara occidental, point de désaccord délicat entre le Maroc et la Russie. En effet, ce territoire non autonome selon l’ONU est contrôlé de facto à 80% par le Maroc, qui le considère comme ses provinces du Sud. Depuis novembre, le cessez-le-feu a été rompu entre le Maroc et le Front Polisario, représentant du peuple sahraoui. Or, pour la Russie la solution politique du conflit au Sahara occidental doit se faire sur la base des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. Bien que plusieurs fois reconduite, la mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental créée en 1991 par la résolution 690 du conseil de sécurité n’a toujours pas abouti.

La Russie a également dénoncé la décision des États-Unis de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental à la suite de la normalisation des relations entre le Maroc et Israël. (...)

Le développement des relations entre le Maroc et la Russie s’inscrit dans une stratégie plus globale qui consiste à obtenir un accès à l’Atlantique. (...)

Un jeu d’échec à plusieurs qui est loin d’être terminé.