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Le Monde
Kaboul 2021, la fin de trois décennies de droit d’ingérence
Article mis en ligne le 18 décembre 2021

La chute de la capitale afghane a marqué la fin d’une ère. Tant les Etats-Unis que la France ou le Royaume-Uni renoncent dorénavant à vouloir imposer militairement la démocratie. Tentative de bilan, trente ans après « l’invention » du concept d’intervention humanitaire préventive.

Ces images-là, les Etats-Unis souhaiteraient ne plus jamais les revoir : des foules paniquées, massées à l’aéroport de Kaboul, fin août, prêtes à tout pour fuir la capitale afghane – conquise par les talibans avant même que les GI n’aient achevé leur retrait. Des scènes qui rappellent celles de Saïgon, en avril 1975, même si la déroute vietnamienne était d’une tout autre ampleur que ce départ volontaire laborieusement négocié avec les talibans par l’administration Trump pour mettre fin à une guerre sans fin, d’un coût global évalué, selon les sources, entre 1 000 et un peu plus de 2 000 milliards de dollars.

A une opinion américaine sous le choc, inquiète de ce signe de faiblesse mais restant toujours majoritairement convaincue de la nécessité du désengagement, Joe Biden rappelait que « cette décision sur l’Afghanistan ne concerne pas seulement l’Afghanistan ». « Il s’agit, ajoutait-il de mettre fin à une ère d’opérations majeures visant à remodeler d’autres pays. » Tout en rappelant que le retrait français d’Afghanistan s’était achevé en 2014, Emmanuel Macron tenait des propos similaires : « Nos interventions militaires n’ont pas vocation à se substituer à la souveraineté des peuples, ni à imposer la démocratie de l’extérieur, mais à défendre la stabilité internationale et notre sécurité. »

L’insistance des états-majors, comme celle des dirigeants politiques américains et français, quant à la nécessité d’interventions mieux ciblées et limitées dans le temps n’est pas totalement nouvelle. Ces discours aux accents de contrition n’en marquent pas moins un tournant. (...)