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IRIN - nouvelles et analyses humanitaires
Kenya : Le mur « anti-terrorisme » suscite un débat houleux
Article mis en ligne le 22 avril 2015

La semaine dernière, le Kenya a entamé la construction d’une barrière le long de sa frontière avec la Somalie afin prétendument de prévenir l’incursion de combattants d’al-Shabab, un groupe d’insurgés à majorité somalienne qui a organisé de nombreuses opérations au Kenya, dont l’attaque du 2 avril contre la ville universitaire de Garissa qui a fait 147 victimes.

Ce projet de grande envergure suscite un débat houleux. Les journalistes d’IRIN présentent différents points de vue.

Dans un discours télévisé, William Ruto, le vice-président du Kenya, a dit que la barrière s’étendrait sur 700 km. « Nous ferons tout ce qu’il faut pour que le pays soit en sécurité, quels que soient les coûts engendrés », a-t-il expliqué.

Mwenda Njoka, le porte-parole du ministre de l’Intérieur, a expliqué aux journalistes d’IRIN que la barrière serait construite par le Service national de la jeunesse sous la supervision de l’armée.

Il a ajouté :

« Le mur vise à lutter contre le franchissement illégal et à contrôler les mouvements à la frontière. Les personnes munies de papiers en règle seront autorisées à franchir la frontière et leurs données seront enregistrées par les agents de sécurité. Nous voulons obtenir des détails sur ces personnes, nous voulons savoir pourquoi elles se déplacent de pays en pays et nous voulons connaître leurs intentions.

« Des obstacles seront érigés et des tranchées creusées, plus particulièrement dans les zones qui ne sont pas accessibles, afin d’empêcher les personnes d’entrer et de sortir du pays. Il y aura des caméras de télévision en circuit fermé fonctionnant à l’énergie solaire et un centre de contrôle tenu par des gardes-frontières : ils recevront des informations sur les menaces éventuelles, les enregistreront et prendront des décisions en temps réel. Certaines zones seront équipées de clôtures électriques.
« Les personnes qui veulent entrer ou sortir du pays se rendront à des points désignés. (...)

George Morara, le vice-président de la Commission nationale kényane des droits de l’homme (KNHCR), a dit que la construction de la barrière était « futile ».

Il a ajouté :

« On gaspille l’argent des contribuables. Les pays qui ont construit des murs de ce genre afin d’empêcher les soi-disant ’indésirables’ d’entrer sur leur sol ont enregistré des échecs. Ainsi, le mur érigé par Israël pour empêcher les Palestiniens d’entrer n’ont pas permis de mettre un terme aux attaques contre Israël. De nouvelles manières de contourner la barrière ont été trouvées : par exemple, les Palestiniens ont construit des tunnels souterrains pour mener des attaques contre les Israéliens. De même, le grand mur construit à la frontière mexicaine n’a pas arrêté les Mexicains déterminés à entrer sur le sol des États-Unis et qui escaladent cette barrière en apparence infranchissable. (...)

Mohamed Ahmed Farah, un résident d’Eastleigh

« Je pense que le mur que le Kenya veut construire est comme le mur entre Israël et la Palestine : c’est un mur de l’Apartheid. Le Kenya a le droit de protéger ses citoyens, mais pas [avec] ce mur. Il créé une division entre les ethnies somalies.

« Al-Shabab est partout. Le Kenya devrait investir dans le renseignement et coopérer avec les populations locales, s’il veut se débarrasser d’Al-Shabab ».