
A la rentrée universitaire, Kevin Willmott a fait sensation devant ses étudiants au Kansas : ce professeur de cinématographie est arrivé vêtu d’un gilet pare-balles pour protester contre le nouveau règlement permettant de venir en cours armé.
"Je me suis dit qu’endosser ce gilet les mettrait mal à l’aise, comme je le suis face à la possibilité qu’ils portent une arme", explique l’enseignant américain de 59 ans.
"Quand j’ai débarqué le premier jour, le silence est tombé sur ma classe, ils étaient vraiment surpris", relate-t-il.
"Je leur ai dit : eh bien essayez d’oublier que je porte un gilet pare-balles, et moi j’essaierai d’oublier que peut-être l’un de vous porte un calibre 44 Magnum".
Cela fait donc deux semaines que Kevin Willmott enseigne sa matière avec son imposant plastron de protection, un équipement de policier ou militaire.
"C’est lourd, c’est un fardeau, mais j’ai décidé de le porter un an en guise de contestation", assure-t-il.
Comme les autres professeurs de l’Université du Kansas, Kevin a dû à la rentrée exposer à ses élèves les nouvelles règles en vigueur sur le campus, conformément à une loi adoptée en 2013 par l’Etat mais mise en application depuis cet été seulement.
Etudiants et membres du corps enseignant ont désormais le droit d’apporter leur arme en cours, tant que celle-ci reste dissimulée sous un vêtement, dans un sac ou un cartable, ou encore dans la boîte à gants d’une voiture.
Une mesure "stupide", assène Kevin, qui s’est empressé de rajouter un paragraphe aux recommandations obligatoires : il a autorisé ses étudiants à porter comme lui un gilet pare-balles, s’ils le désirent bien sûr (...)
Il faut dire que le professeur, également metteur en scène, connaît bien le sujet des violences par arme à feu : il a réalisé avec Spike Lee un film nommé Chi-Raq, sur la guerre entre les gangs des quartiers sud de Chicago.
M. Willmott est d’ailleurs passionné par les questions raciales et s’inquiète franchement des menaces sur les débats d’esprit que fait planer l’éventuelle présence d’une arme durant ses cours.
"Il est certain que les gens vont avoir peur d’évoquer des sujets sensibles, comme la race ou l’identité et l’orientation sexuelles. Ils vont s’autocensurer à l’idée que quelqu’un en classe puisse être armé. C’est contraire à la liberté de parole. C’est contraire au but visé par l’université".