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L’ALBA S’ÉLARGIT ET MONTE EN PUISSANCE
Par Bernard Cassen, secrétaire général de Mémoire des luttes, président d’honneur d’Attac. Texte diffusé par le M’PEP avec l’autorisation de l’auteur. Le 3 avril 2012.
Article mis en ligne le 4 avril 2012

L’événement n’a été commenté dans aucun grand média, et on comprend pourquoi : au moment où l’Union européenne (UE) du traité de Lisbonne - celle de la « concurrence libre et non faussée » et de l’indépendance de la Banque centrale -, s’enfonce dans la discorde, la récession et, en Grèce, dans le chaos social, il aurait été mal venu de faire savoir qu’un autre type de construction interétatique régionale était possible… Cet événement, c’est le 11ème Sommet de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA) qui s’est tenu à Caracas les 4 et 5 février 2012.

L’ALBA, créée en 2004 par Cuba et le Venezuela, devenue ALBA/TCP (Traité de commerce des peuples) à l’initiative du président bolivien Evo Morales, comprend actuellement 8 États : trois d’Amérique du Sud (la Bolivie, l’Équateur et le Venezuela), un d’Amérique centrale (le Nicaragua) et quatre de la Caraïbe (Cuba, Antigua-et-Barbuda, La Dominique et Saint-Vincent-et-les-Grenadines, ces trois derniers de langue anglaise). Le Honduras qui en faisait partie, en a été retiré par le gouvernement issu du coup d’État de 2009 contre le président Manuel Zelaya.

Parmi les conclusions du Sommet de Caracas, la plus spectaculaire est sans doute la perspective d’adhésion de trois nouveaux membres : le micro-État caraïbe Sainte-Lucie (anglophone), le Surinam (néerlandophone) et Haïti, ce qui porterait le nombre total à 11. Techniquement, pour l’instant, Sainte-Lucie et le Surinam auront le statut d’invités spéciaux, et Haïti celui d’invité permanent, après avoir été observateur depuis 2007. Ces distinctions diplomatiques ne feront pas obstacle à leur participation pleine et entière aux programmes de l’Alliance. Dans l’immédiat, Haïti (représenté au Sommet par son président, Michel Martelly, a signé un ambitieux accord-cadre bilatéral de coopération avec le Venezuela.

L’ALBA-TCP est ainsi en train de se constituer en acteur régional significatif, susceptible d’accueillir une nouvelle vague de membres dans les années à venir. La création de l’Union des nations sud-américaines (UNASUR) en 2008 et celle de la Communauté des États latino-américains et caraïbes (CELAC) en décembre 2011 - excluant toutes deux les États-Unis et le Canada - témoignaient déjà de la volonté partagée des dirigeants de l’Hémisphère de tourner définitivement la page de deux siècles de tutelle impériale et de faire entendre leur voix propre dans un monde devenu multipolaire. (...)

Les membres de l’ALBA-TCP se comportent comme un élément moteur au sein des ensembles plus diversifiés idéologiquement que sont l’UNASUR et la CELAC. Ils ont intérêt à y élargir leur influence collective sans pour autant faire bande à part et nuire à ces structures globales qu’ils ont par ailleurs activement contribué à mettre en place. L’unité latino-américaine est prioritaire pour eux, dans la mesure où elle constitue un bouclier contre les tentatives de déstabilisation par les États-Unis. Ces tentatives vont certainement se multiplier au Venezuela dans la perspective de l’élection présidentielle du 7 octobre prochain, pour laquelle les sondages donnent actuellement Hugo Chavez gagnant haut la main. Ce qui doit sérieusement préoccuper Washington…
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les deux déclarations les plus importantes du Sommet sont sans doute celle portant création d’un Conseil de défense et, surtout, celle sur la constitution d’un espace économique commun.
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L’accord pour la constitution de l’espace économique de l’ALBA-TCP (ECOALBA-TCP) est sans conteste le document le plus ambitieux issu du Sommet de Caracas car il a une portée qui dépasse le cadre de l’Amérique latine. Il se lit comme un réquisitoire contre les traités de libre-échange en général et, pour un Européen, comme un manifeste contraire aux principes régissant l’UE dans la mesure où il subordonne l’économie et le commerce à des finalités politiques, sociales, écologiques et culturelles. On citera seulement ici quelques éléments d’un texte de 20 pages qui mérite d’être lu intégralement
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Dans le préambule, l’objectif assigné à l’ECOALBA est « la distribution équitable des richesses et l’encouragement à des formes de propriété populaires, coopératives et sociales des moyens de production ».
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Le cadre est en place et il devrait faire l’objet d’une étude attentive dans tous les partis et mouvements sociaux – où qu’ils soient dans le monde - à la recherche de constructions inter-étatiques alternatives au modèle libre-échangiste. Non plus théoriques, mais réellement existantes !

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